MONKEYPOX. L’épidémie de variole du singe se poursuit avec plus de 40 000 cas dans le monde dont plus de 3000 en France fin août. Le virus est contagieux. Les personnes ayant des symptômes évocateurs doivent contacter leur médecin traitant ou un Cegidd pour se faire tester.
[Mise à jour le 26 août 2022 à 12h06] L’épidémie de variole du singe continue de se diffuser en France. Selon le dernier point de situation publié par Santé Publique France le 23 août, 3 421 personnes ont été contaminées dans l’Hexagone par ce virus appelé « Monkeypox » en anglais dont 2110 en Ile-de-France. « Au 22 août, 41 664 cas de monkeypox et 12 décès ont été rapportés à l’OMS dans 96 pays/territoires » indique l’Organisation Mondiale de la Santé dans son dernier compte-rendu sur la variole du singe. « C‘est un virus qu’on peut maîtriser » a rassuré l’immunologue Brigitte Autran, Présidente du nouveau « Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires » (ex-Conseil scientifique Covid), au Parisien le 16 août. Selon elle, « une stratégie zéro Monkeypox est possible, contrairement à celle du zéro-Covid » à condition de « vacciner les populations cibles ». La variole du singe est une maladie infectieuse qui se transmet initialement à l’Homme par les animaux, principalement les rongeurs (écureuils, rats de Gambie) et localisée originellement en Afrique. Depuis début mai 2022, des cas ont émergé en dehors de l’Afrique, sans lien direct avec un voyage. L' »urgence de santé publique de portée internationale« a été décrétée par le directeur général de l’OMS en juillet. A cette période, une étude publiée dans le New England Journal of Medicine portant sur 528 cas d’infections Monkeypox diagnostiquées dans 16 pays a montré que 95% des personnes présentaient une éruption cutanée (dont 64% avaient < 10 lésions), 73% avaient des lésions anogénitales et 41 % avaient des lésions muqueuses. Avant l’apparition de ces lésions, 62% avaient eu de la fièvre, 27% des maux de tête. 56% présentaient aussi un gonflement des ganglions. 70 personnes ont été hospitalisées pour prendre en charge leur douleur, principalement pour des douleurs anorectales sévères (21 personnes) ; surinfection des tissus mous (18) ; pharyngite limitant la prise orale (5); lésions oculaires (2); lésion rénale aiguë (2); myocardite (2); et à des fins de contrôle des infections (13). C‘est quoi la variole du singe ? Comment se transmet le virus ? Comment éviter la contamination ? Quels tests en cas de doute ? Quelle cause ? Est-ce dangereux? Quels sont les symptômes typiques (photo des boutons) ?
Définition : c’est quoi la variole du singe ?
La variole du singe est causée par un virus à ADN du genre Orthopoxvirus de la famille des Poxviridés. « C’est une zoonose virale rare (virus transmis à l’être humain par les animaux) que l’on observe principalement dans les zones isolées du centre et de l’ouest de l’Afrique, à proximité des forêts tropicales humides » indique l’OMS. On parle du variole du « singe » car le virus a été découvert en 1958 chez des singes de laboratoire à Copenhague mais « c’est une erreur de dire cela car c’est plutôt un virus variolique hébergé par des rongeurs comme les écureuils et les gros rats d’Afrique comme le rat de Gambie » nous explique le Pr Jeanne Brugère-Picoux. « Ce virus ressemble à celui de la variole sur le plan clinique mais le monkeypox est dû à un poxvirus différent du virus de la variole« précise l’OMS. Le premier cas humain a été détecté en 1970, en République démocratique du Congo chez un enfant vivant dans une région où la variole avait été éliminée depuis 1968. On connaît deux souches de variole du singe :
- la souche Congo ou souche d’Afrique centrale (la plus virulente) renommée « Clade I » par l’OMS en août 2022.
- la souche d’Afrique occidentale (moins virulente qui semble être celle retrouvée dans les cas actuels) renommée « Clade II ».
« Au microscope, on reconnaît tout de suite le virus car c’est un gros virus »
Nom : pourquoi ça s’appelle « variole du singe » ?
On parle du variole du « singe » car le virus a été découvert en 1958 chez des singes de laboratoire à Copenhague mais « c’est une erreur de dire cela car c’est plutôt un virus variolique hébergé par des rongeurs comme les écureuils et les gros rats d’Afrique comme le rat de Gambie » nous explique le Pr Jeanne Brugère-Picoux. Cependant, le nom de « variole du singe » ou « Monkeypox » devrait être prochainement abandonné. Pour éviter d’offenser des groupes culturels, sociaux, nationaux, régionaux, professionnels ou ethniques et afin de minimiser un impact négatif sur le commerce, les voyages, le tourisme ou le bien-être animal, les experts de l’OMS échangent actuellement pour donner un nouveau nom à cette maladie et son virus. Depuis le 12 août 2022, les noms des deux souches du virus Monkeypox ont déjà été modifiés par l’OMS. On parle désormais de « Clade I » pour désigner la souche dite « Congo » ou d’Afrique centrale (la plus virulente) et de « Clade II » pour la souche dite « d’Afrique occidentale » (moins virulente). Le Clade II se compose de deux sous-clades : « Clade IIa » et « Clade IIb » (retrouvé dans l’épidémie 2022).
Quels sont les symptômes de la variole du singe ?
La variole du singe est une maladie « à tropisme cutané » nous explique le Pr Brugère-Picoux. Les symptômes sont douloureux et très inconfortables. Ils disparaissent d’eux-mêmes, mais peuvent être graves dans certains cas.
Classiquement, dans les 5 premiers jours, l’infection par le Monkeypox provoque :
- fièvre
- maux de tête
- adénopathie (gonflement des ganglions lymphatiques)
- douleurs dorsales
- myalgies (douleurs musculaires)
- asthénie (épuisement)
- Des maux de gorge
Dans les 1 à 3 jours (parfois plus) suivant l’apparition de la fièvre, le patient présente des éruptions cutanées (rash) qui commencent souvent sur le visage puis s’étendent à d’autres parties du corps, dont les paumes des mains, les plantes des pieds et les muqueuses (bouche et région génitale (sexe, anus)). L’atteinte cutanée survient en une seule poussée. Des démangeaisons sont fréquentes. Les boutons passent par différents stades successifs :
- macules
- papules
- vésicules
- pustules
- croûtes
Lorsque les croûtes tombent, les personnes ne sont plus contagieuses. Les autres muqueuses (ORL, conjonctives) peuvent également être concernées. En cas d’apparition de symptômes (fièvre et éruption cutanée avec des vésicules), contacter le SAMU Centre 15. Il est recommandé de vous isoler en attendant un avis médical et d’éviter les contacts avec d’autres personnes. Une étude publiée en juillet 2022 dans le New England Journal of Medicine portant sur 528 cas d’infections Monkeypox diagnostiquées dans 16 pays entre avril et juin a montré que 95% des personnes présentaient une éruption cutanée (dont 64% avaient < 10 lésions), 73% avaient des lésions anogénitales et 41 % avaient des lésions muqueuses. Avant l’apparition de ces lésions, 62% avaient eu de la fièvre, 41% une léthargie, 31% une myalgie et 27% des maux de tête. 56% présentaient aussi un gonflement des ganglions. 70 personnes ont été hospitalisées pour prendre en charge leur douleur, principalement pour des douleurs anorectales sévères (21 personnes) ; surinfection des tissus mous (18) ; pharyngite limitant la prise orale (5); lésions oculaires (2); lésion rénale aiguë (2); myocardite (2); et à des fins de contrôle des infections (13). Aucun décès n’a été signalé.
Les personnes ayant des symptômes évocateurs d’une infection à Monkeypox doivent contacter leur médecin traitant ou un Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic). Une analyse virologique par PCR permet de confirmer l’infection. Le prélèvement de référence est cutanée (au niveau des vésicules). Il peut aussi parfois être nasopharyngé si la personne a une poussée éruptive dans la bouche ou la gorge. « Au microscope (prélèvement cutané, ndlr), on reconnaît tout de suite le virus car c’est un gros virus » précise le Pr Brugère-Picoux. En attendant de réaliser le test et de connaître les résultats, les personnes testées doivent à s’isoler. En cas de test positif, il faut s’isoler pendant 21 jours, plus si les boutons ne sont pas complètement secs.
Quelle est la durée d’isolement ?
Une personne dont le résultat du test diagnostique (PCR) au virus du monkeypox est positif est un cas confirmé de variole du singe et doit s’isoler à domicile pour une durée de 3 semaines (21 jours) à partir de leur date de début des signes si leur état clinique ne nécessite pas une hospitalisation, rappelle Santé Publique France. Elle est contagieuse depuis les premiers signes, jusqu’à la cicatrisation complète de la peau (disparition des croûtes). Cet isolement, après avis médical, peut être levé au bout de 14 jours en cas de guérison (cicatrisation de toutes les vésicules avec chute des croûtes). Un arrêt de travail ou une autorisation de télétravail à temps plein peut être délivrée par votre médecin traitant, précise l’ARS d’Ile-de-France.
Pendant l’isolement à domicile (idéalement) dans une pièce séparée des autres habitants :
- Pas de sortie ni de visite, sauf indispensable (médicale par exemple)
- Pas de contact physique (pas d’embrassade, contact peau à peau…)
- Porter un masque chirurgical en présence d’autres personnes
- Couvrir au mieux les éruptions ou boutons (vêtements, pansements)
- Ne pas partager ses effets personnels (objets, vaisselle, vêtements, linge de maison)
- Pas de contact avec les animaux domestiques (possibilité de transmission)
- Bien respecter le traitement donné par le médecin, car certains médicaments sont à éviter (ne pas prendre d’anti-inflammatoires)
- Mains propres, ongles courts, ne pas se gratter, ne pas toucher les boutons.
- Se laver les mains avant tout contact et régulièrement en utilisant de l’eau et du savon ou une solution hydro-alcoolique.
- Eviter de prendre des bains, privilégier les douches et se sécher en tamponnant (sans frotter).
- Laver ses affaires personnelles séparément (vaisselle, linge à 60° si possible).
- Nettoyer/désinfecter régulièrement les surfaces touchées, surtout sanitaires (1 fois par jour), avec les produits habituels.
- Il est recommandé de s’abstenir de rapports sexuels pendant toute la durée de l’isolément.
- Aération régulière de la pièce où séjourne la personne infectée.
Si des croûtes tombent, elles peuvent être contagieuses, de même que les pansements et bandages souillés : les mettre dans un sac-poubelle spécifique à fermer, puis mettre dans un autre sac poubelle à fermer avant de le jeter avec les déchets ménagers. Les proches doivent se laver les mains régulièrement, éviter tout contact direct (peau à peau) avec la personne infectée ou ses effets personnels (vaisselle, linge, …) et porter un masque chirurgical à sa proximité.
Quelles différences avec la variole ?
Le virus Monkeypox ressemble à celui de la variole sur le plan clinique mais c’est un poxvirus différent. La variole dite « du singe » est plus bénigne, associée à des ganglions (il n’y a pas de ganglions dans la variole), les cicatrices sont moins graves. La variole simienne ressemble aussi beaucoup à la varicelle qui est plus contagieuse.
Où en est l’épidémie en France ?
L’infection à Monkeypox est une maladie à déclaration obligatoire en France. Dans le point de situation du 23 août, Santé Publique France rapporte 3421 cas confirmés en France : 2110 cas en Ile-de-France, 277 en Occitanie, 231 en Auvergne-Rhône-Alpes, 212 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 157 dans les Hauts-de-France, 119 en Nouvelle Aquitaine, 87 en Grand Est, 72 en Pays-de-la-Loire, 36 en Normandie, 33 en Bretagne, 29 en Bourgogne-Franche-Comté, 31 en Centre-Val de Loire. Pour la Martinique, la Corse, la Guadeloupe et Saint-Martin, chacune de ces régions présentaient moins de 5 cas. 19 cas résident à l’étranger. Tous les cas recensés à ce jour sont des adultes de sexe masculin, sauf 39 adultes de sexe féminin et 8 enfants. 95% des cas déclarés sont des hommes homo- ou bisexuels ayant des partenaires multiples. Les cas adultes ont un âge médian de 36 ans ; 25% des cas adultes ont moins de 30 ans et 25% ont de 43 à 77 ans.

Un dispositif d’écoute baptisé « Monkeypox info service » est ouvert en France pour répondre aux questions du public. Il est accessible tous les jours de 8h à 23h, au numéro vert 0 801 90 80 69 (appel et services gratuits, anonyme et confidentiel). |
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Combien de temps durent les symptômes de la variole du singe ?
« La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie, généralement bénigne, guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines » informe Santé Publique France.
Photo : à quoi ressemblent les boutons de la variole du singe ?
La variole du singe entraîne des boutons qui peuvent faire penser à la varicelle : d’abord des vésicules (boutons avec liquide à l’intérieur) puis des pustules et enfin des croûtes. A la différence de la varicelle, les boutons surviennent en une seule poussée. Lorsque les croûtes tombent, les personnes ne sont plus contagieuses.

Quelle est la durée d’incubation de la variole du singe ?
« L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours, en moyenne 6 à 13 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines mais parfois 4 semaines » précise Santé Publique France.
Transmission : comment on attrape la variole du singe ?
Selon des chercheurs de l’institut Pasteur, la transmission du virus de la variole du singe en dehors de l’Afrique « est probablement dû au déclin mondial de l’immunité aux virus du genre orthopoxvirus (responsables de la variole humaine), suite à l’arrêt de la vaccination antivariolique, dans les années 1980. La variole du singe pourrait donc devenir la plus importante infection à orthopoxvirus chez l’Homme ».
► Transmission entre Hommes : La transmission se produit principalement par les particules des gouttelettes respiratoires (postillon, éternuement à moins de 2 mètres pendant au moins 3 heures) et par le contact direct de la peau ou des muqueuses (bouche, sexe, anus) avec les boutons ou les croûtes. Les rapports sexuels, avec ou sans pénétration, réunissent ces conditions pour une contamination, et avoir plusieurs partenaires augmente le risque d’être exposé au virus. La transmission peut aussi se faire via le partage de linge (vêtements, draps, serviettes…), d’ustensiles de toilette (brosses à dents, rasoirs…), de vaisselle, sextoy, seringue…
►Transmission de l’animal à l’Homme : « Le virus se transmet principalement à l’être humain à partir de divers animaux sauvages, rongeurs ou primates par exemple » explique l’OMS. L’infection est provoquée par un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. « En Afrique, on a documenté des infections humaines à la suite de la manipulation de singes, de rats géants de Gambie et d’écureuils infectés, les rongeurs étant vraisemblablement le principal réservoir du virus. La consommation de viande d’animaux infectés pas suffisamment cuite est un facteur de risque possible« développe l’OMS.
Peut-on attraper la variole du singe lors d’un rapport sexuel ?
Les contacts sexuels avec une personne porteuse du virus favorisent la transmission du virus. Le virus a été isolé dans le sperme de patients. « On ne sait pas combien de temps le virus persiste dans le sperme et les sécrétions génitales, ni si ces liquides biologiques peuvent transmettre la maladie » informe l’ARS d’Ile-de-France. En conséquence et par précaution, les autorités sanitaires françaises recommandent de :
- s’abstenir de rapports sexuels pendant toute la durée d’isolement (3 semaines environ) ;
- ne pas partager de sex-toys;
- d’utiliser un préservatif lors des rapports sexuels de tous types jusqu’à 8 semaines après la fin de la période de contagiosité (la période de contagiosité commence dès l’apparition des premiers symptômes et dure jusqu’à la cicatrisation des lésions).
Que faire si on est cas contact ?
La Haute Autorité de santé (HAS) recommande de vacciner les cas contacts d’un cas confirmé de variole du singe par le vaccin contre la variole. Pas besoin de s’isoler en revanche. Pour les enfants (-de 18 ans), la HAS préconise que la vaccination soit envisagée au cas par cas. Si votre enfant est cas contact, l’Agence Régionale de Santé (ARS) préconise de :
- Surveiller l’apparition de symptômes (fièvre, éruption cutanée) et solliciter le 15 en cas de besoin ;
- Se voir proposer une consultation afin de faire bénéficier à l’enfant d’une vaccination si celle-ci est jugée nécessaire par le médecin
- En l’absence de symptômes, et en l’état des connaissances, il n’y a pas de risque connu de contagion. Aucune mesure n’est donc nécessaire pour l’enfant (ni isolement, ni adaptation des activités) ni pour les autres membres de la famille.
Combien de temps est-on contagieux ?
« La variole du singe est une maladie contagieuse, confirme le Pr Brugère-Picoux mais pas autant que la varicelle. » La personne est contagieuse depuis les premiers signes de la maladie et jusqu’à la cicatrisation complète de la peau, rappelle la Mission nationale Coreb. Soit environ 3 semaines.

La variole du singe est une maladie dont le patient guérit le plus souvent spontanément en deux à trois semaines. « Dans la situation où un traitement de l’infection à Monkeypox est à envisager lors d’une forme grave de la maladie notamment et après discussion collégiale, le tecovirimat serait le traitement proposé en première intention » indique le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Le Tecovirimat (SIGA Technologies) est un médicament antiviral sous forme de gélules qui va empêcher le virus de se propager dans l’organisme. La posologie recommandée chez l’adulte et l’enfant varie en fonction du poids précise l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) :
► Pour les patients de 13 kg à moins de 25 kg : 1 gélule administrée toutes les 12 heures
► Pour les patients de 25 kg à moins de 40 kg : 2 gélules administrées toutes les 12 heures
► Pour les patients de 40 kg et plus : 3 gélules administrées toutes les 12 heures
La durée de traitement recommandée est de 14 jours. Les gélules de tecovirimat doivent être prises dans les 30 minutes suivant un repas.
Vaccin contre la variole du singe
Supprimée depuis 1984, la vaccination antivariolique est de retour en France face à l’émergence de cas du virus Monkeypox responsable de la variole du singe. La vaccination contre la variole du singe est proposée en prévention aux personnes les plus exposées au virus ou en post-exposition chez les cas contacts d’une personne infectée. C’est le vaccin antivariolique Imvanex, produit par le Laboratoire danois Bavarian Nordic qui est actuellement indiqué dans la lutte contre la variole du singe. Une trentaine de lieux proposent la vaccination en Ile-de-France.
La variole du singe est-elle dangereuse ?
La maladie peut se compliquer d’une surinfection des lésions cutanées ou d’atteintes respiratoires, digestives, ophtalmologiques ou neurologiques. En Europe, 2 décès ont été signalés en Espagne. L’OMS est particulièrement préoccupé par les risques que présente ce virus chez les personnes vulnérables, notamment les enfants, les immunodéprimées et les femmes enceintes. « Il y a une incertitude totale aujourd’hui. L’alerte des autorités est sérieuse. On peut s’inquiéter mais peut-être à tort, il faut attendre de voir comment ça évolue » répond le Pr Brugère-Picoux. Avant de rappeler que le virus de la variole du singe « est un virus stable, c’est un virus à ADN, il ne mute pas facilement comme un virus à ARN (type le Sars-Cov-2 du Covid-19, ndlr) ».
La variole du singe est-elle mortelle ?
« Le taux de mortalité lors des flambées d’orthopoxvirose simienne s’est établi entre 1% et 10% (3.6% pour la souche d’Afrique occidentale ; 10,6% pour la souche d’Afrique centrale), la plupart des décès survenant chez les plus jeunes » indique l’OMS. « La maladie dure généralement de 2 à 4 semaines. En Europe, 2 décès (Espagne) ont été rapportés à ce jour. Dans le monde, on comptabilise 12 décès.
La maladie étant transmissible par contact avec les lésions, il faut éviter tout contact avec la personne atteinte et avec ce qu’elle a pu toucher (drap, serviettes de toilette, vêtements…). La personne contaminée doit s’isoler. Lorsqu’une personne est infectée par le virus de la variole du singe, elle doit « éviter au maximum les contacts avec son animal de compagnie, idéalement en le faisant garder par une autre personne le temps de l’isolement » et « avant chaque contact avec son animal, se laver les mains, puis porter des gants et un masque à usage unique » a recommandé l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) le 16 juin qui s’est interrogée sur la transmission du virus de l’homme aux animaux. « Par comparaison avec la variole humaine, les mesures d’éradication ne pourront pas être aussi efficaces avec la variole simienne du fait d’un réservoir viral dans plusieurs populations d’animaux sauvages en Afrique » précise le Pr Brugère-Picoux. Enfin, la vaccination contre la variole permettait d’offrir une protection croisée contre le virus de la variole simienne estimée à 85%.
Quelle est l’origine de la variole du singe ?
La variole du singe est une maladie qui a émergé en Afrique. Les premiers cas humains ont été recensés en 1970 dans la République démocratique du Congo. On reconnait une origine zoonotique (transmission venat de l’animal (écureuil, rat de Gambie en Afrique…)) dans la plupart des cas africains. Les cas émergents hors Afrique depuis mai 2022 (premier cas rapporté en Angleterre par l’UKHSA le 7 mai) sont liés à des contaminations interhumaines : « Des enquêtes sont en cours, mais l’apparition soudaine du monkeypox dans de nombreux pays au même moment suggère qu’il peut y avoir eu une transmission non détectée pendant un certain temps » a expliqué l’OMS le 1er juin. Alors que la transmission de l’animal à l’homme est admise en Afrique, ces cas émergents sont liés à des contaminations interhumaines, souvent observées chez des hommes homosexuels ou bisexuels présentant des lésions cutanées génitales et au niveau du visage. « Une transmission sexuelle peut être suspectée. La transmission interhumaine est possible par le contact avec les fluides corporels, les lésions cutanées (dont les croûtes), l’environnement ou les objets contaminés par le malade. Il peut aussi s’agir d’une contamination d’origine nosocomiale » a expliqué le Pr Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et membre de l’Académie nationale de médecine dans un document de synthèse du 22 mai 2022. Contactée par téléphone, elle confirme que pour l’instant « on est dans une incertitude totale, on a des raisons de s’inquiéter mais il faut attendre de voir si cela continue ou pas« . Selon elle « seule une enquête épidémiologique complète permettra d’évaluer le risque lié à ce virus émergent hors de sa région géographique habituelle (Afrique, ndlr) ».
Merci au Pr Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et membre de l’Académie nationale de médecine. Propos recueillis en mai 2022.
Sources :
– Monkeyox – Evolution de la conduite à tenir, élargissement de la vaccination et mise à disposition du Tecovirmiat. DGS, 8 juillet 2022
– Monkeypox virus (variole du singe) Fiche d’information au patient, après le diagnostic. Mission Coreb. 3 juin 2022.
– Variole du singe : risque d’une propagation interhumaine depuis la description de près d’une centaine de cas sporadiques autochtones décrits simultanément depuis le 6 mai 2022 en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Jeanne Brugère-Picoux. 22 MAI 2022.
– Mise à jour épidémiologique : épidémie de monkeypox, 20 mai 2022, ECDC
– Monkeypox, Centers for Disease Control and Prevention
– Orthopoxvirose simienne, OMS, 6 juin 2018
– Institut Pasteur
– Monkeypox, Santé Publique France