MONKEYPOX. Plus de 2400 cas de variole du singe sont confirmé en France dont 862 en Ile-de-France. Quels sont les symptômes ? Les traitements ? Comment attrape-t-on la variole du singe ? Quelle cause ? Est-ce dangereux ? Photos des boutons, transmission, test, infos…On fait le point.
[Mise à jour le 9 août 2022 à 10h32] Le virus de la variole du singe ou virus « Monkeypox » est à l’origine d’une maladie infectieuse qui se transmet à l’Homme par les animaux, principalement les rongeurs (écureuils, rats de Gambie) et localisée originellement en Afrique. Depuis début mai 2022, des cas émergent en dehors de l’Afrique, sans lien direct avec un voyage. Dans son bilan du 4 août 2022, Santé Publique France confirme 2 423 cas en France (862 en Ile-de-France) dont 20 cas chez des femmes (adultes) et 2 enfants. Deux décès ont été signalés en Europe, en Espagne. Le 4 août, les Etats-Unis ont décidé une urgence de santé publique pour l’épidémie de variole du singe. Au 27 juillet, plus de 18 000 cas dans 78 pays ont été signalés à l’Organisation Mondiale de la Santé. Le directeur général de l’OMS a annoncé le 23 juillet, qu’il déclarait l’urgence de santé publique de portée internationale concernant l’épidémie de Monkeypox. 98 % des cas pour lesquels l’orientation sexuelle est renseignée sont survenus chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Un dispositif d’écoute baptisé « Monkeypox info service » est ouvert en France pour répondre aux questions du public. Il est accessible tous les jours de 8h à 23h, au numéro vert 0 801 90 80 69 (appel et services gratuits, anonyme et confidentiel). C‘est quoi la variole du singe ? Comment se fait la transmission de la variole du singe ? Comment éviter la contamination ? Quels tests en cas de doute ? Quelle cause ? Est-ce dangereux? Quels sont les symptômes typiques (photo des boutons) ?
Définition : c’est quoi la variole du singe ?
La variole du singe est causée par l’orthopoxvirus simien, qui appartient au genre Orthopoxvirus de la famille des Poxviridés. « L’orthopoxvirose simienne, ou « variole du singe », est une zoonose virale rare (virus transmis à l’être humain par les animaux) que l’on observe principalement dans les zones isolées du centre et de l’ouest de l’Afrique, à proximité des forêts tropicales humides » indique l’OMS. On parle du variole du « singe » car le virus a été découvert en 1958 chez des singes de laboratoire à Copenhague mais « c’est une erreur de dire cela car c’est plutôt un virus variolique hébergé par des rongeurs comme les écureuils et les gros rats d’Afrique comme le rat de Gambie » nous explique le Pr Jeanne Brugère-Pi juincoux. « Ce virus ressemble à celui de la variole sur le plan clinique mais le monkeypox est dû à un poxvirus différent du virus de la variole« explique l’OMS. Le premier cas humain a été détecté en 1970, en République démocratique du Congo chez un enfant vivant dans une région où la variole avait été éliminée depuis 1968. On connaît deux souches de variole du singe :
- la souche Congo ou souche d’Afrique centrale (la plus virulente)
- la souche d’Afrique occidentale (moins virulente qui semble être celle retrouvée dans les cas actuels)
Concernant les cas 2022, « les données préliminaires des tests PCR indiquent que les souches de virus monkeypox détectées en Europe et dans d’autres zones non endémiques appartiennent au clade ouest-africain » là où le virus est initialement apparu, a précisé l’OMS le 4 juin.
Quelles différences avec la variole ?
Le virus Monkeypox ressemble à celui de la variole sur le plan clinique mais c’est un poxvirus différent. La variole dite « du singe » est plus bénigne, associée à des ganglions (il n’y a pas de ganglions dans la variole), les cicatrices sont moins graves. La variole simienne ressemble aussi beaucoup à la varicelle qui est plus contagieuse.
Combien de cas de variole du singe y a-t-il en France ?
L’infection à Monkeypox est une maladie à déclaration obligatoire en France. Au 4 août, 2 423 cas confirmés ont été recensés en France. Les cas résidaient le plus fréquemment en Ile-de-France (862 cas soit 49 % des cas dont la région de résidence est connue), en Occitanie (210 cas, soit 12 %) et en Auvergne-Rhône-Alpes (181 cas, soit 10 %).

► La majorité des cas investigués sont des hommes, les cas adultes ont un âge médian de 36 ans ; 25% des cas adultes ont moins de 30 ans et 25% ont de 43 à 84 ans. 96 % des cas pour lesquels l’orientation sexuelle est renseignée sont survenus chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). 72% déclarent avoir eu au moins 2 partenaires sexuels dans les 3 semaines avant l’apparition des symptômes
► 20 cas sont des femmes
► 2 cas d’enfants
►69 cas sont immunodéprimés
► Parmi les cas investigués, 47 ont été hospitalisés du fait de leur infection au virus Monkeypox, dont 39 pour complications en lien avec ce diagnostic. Aucun cas n’est décédé.

Combien de cas et quelle prise en charge en Île-de-France ?
L’Ile-de-France est la région qui concentre le plus de cas de variole du singe en ce moment (862 au 4 août). Une vaccination post-exposition avec un vaccin de 3e génération contre la variole peut être proposée aux personnes identifiées comme contacts à risque du virus de la variole du singe ainsi qu’aux professionnels de santé exposés au risque sans mesure de protection individuelle. Le 26 juillet, un nouveau centre dédié à la vaccination contre la variole du singe a ouvert à Paris, dans le 13ème arrondissement dans l’enceinte du centre de santé municipal Edinson. Des centres de vaccination étaient déjà ouverts à Paris depuis mi-juillet (AP-HP Bichat, AP-HP Pitié Salpêtrière par exemple). La liste des centres de vaccination est publiée par l’Agence Régionale de Santé de chaque région sur leur site (ARS Ile-de-France). « Ils sont communiqués aux personnes cas contact à risques, potentiellement éligibles à la vaccination. Ils peuvent également être sollicités directement par les personnes se sachant sujet contacts à risque d’un cas confirmé pour évaluer l’indication de la vaccination » précise l’Agence. Le vaccin mis à disposition est actuellement Imvanex®.
Quels sont les symptômes de la variole du singe ?
La variole du singe est une maladie « à tropisme cutané » nous explique le Pr Brugère-Picoux. Les symptômes disparaissent d’eux-mêmes, mais peuvent être graves dans certains cas.
► Parmi les cas français investigués : 75% ont présenté une éruption génito-anale, 70% une éruption sur une autre partie du corps, 76% une fièvre et 72% des adénopathies.
Classiquement, dans les 5 premiers jours, l’infection par le Monkeypox provoque :
- fièvre
- maux de tête
- adénopathie (gonflement des ganglions lymphatiques)
- douleurs dorsales
- myalgies (douleurs musculaires)
- asthénie (épuisement)
- Des maux de gorge
Dans les 1 à 3 jours (parfois plus) suivant l’apparition de la fièvre, le patient développe des symptômes d’éruption cutanée (rash) qui commence souvent sur le visage puis s’étend à d’autres parties du corps, dont les paumes des mains, les plantes des pieds et les muqueuses (bouche et région génitale (sexe, anus)). L’atteinte cutanée survient en une seule poussée. Des démangeaisons sont fréquentes. Les boutons passent par différents stades successifs :
- macules
- papules
- vésicules
- pustules
- croûtes
Lorsque les croûtes tombent, les personnes ne sont plus contagieuses. Les autres muqueuses (ORL, conjonctives) peuvent également être concernées. Les cas récemment détectés chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont signalé une prépondérance de lésions dans la région génitale. « L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie, généralement bénigne, guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines » souligne Santé Publique France.
► En cas d’apparition de symptômes (fièvre et éruption cutanée avec des vésicules), contacter le SAMU Centre 15. Il est recommandé de vous isoler en attendant un avis médical et d’éviter les contacts avec d’autres personnes.
► D’autres symptômes ont été rapportés au cours de l’été 2022 sur les réseaux sociaux. Par exemple des boutons d’urticaire qui s’étendent sur le corps (pas forcément douloureux, et sans beaucoup gratter) observés par un jeune homme et décrit sur son compte Twitter. « J’ai des lésions partout dans la bouche. mes lèvres, mon cou, mes joues et ma langue doublent de volume. je ne peux plus ouvrir la bouche et je ne peux plus parler tellement ma gorge a enflé » raconte-t-il. En revanche, « à aucun moment je n’ai eu des lésions anales et génitales ».
Photo : à quoi ressemblent les boutons de la variole du singe ?
La variole du singe entraîne des boutons qui peuvent faire penser à la varicelle : d’abord des vésicules (boutons avec liquide à l’intérieur) puis des pustules et enfin des croûtes. Lorsque les croûtes tombent, les personnes ne sont plus contagieuses.

Quelle est la durée d’incubation de la variole du singe ?
« L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines mais parfois 4 semaines » précise Santé Publique France.
Comment est-on contaminé par la variole du singe ?
Selon des chercheurs de l’institut Pasteur, la transmission du virus de la variole du singe en dehors de l’Afrique « est probablement dû au déclin mondial de l’immunité aux virus du genre orthopoxvirus (responsables de la variole humaine), suite à l’arrêt de la vaccination antivariolique, dans les années 1980. La variole du singe pourrait donc devenir la plus importante infection à orthopoxvirus chez l’Homme ».
► Transmission entre Hommes : La transmission se produit principalement par les particules des gouttelettes respiratoires (postillon, éternuement) et par le contact direct de la peau ou des muqueuses (bouche, sexe, anus) avec les boutons ou les croûtes. Les rapports sexuels, avec ou sans pénétration, réunissent ces conditions pour une contamination, et avoir plusieurs partenaires augmente le risque d’être exposé au virus. La transmission peut aussi se faire via le partage de linge (vêtements, draps, serviettes…), d’ustensiles de toilette (brosses à dents, rasoirs…), de vaisselle, sextoy, seringue…
► Rapport sexuel : La variole du singe n’est pas connue comme une maladie à transmission sexuelle en soi. Mais les contacts sexuels avec une personne porteuse du virus favorisent la transmission du virus. Il est important de s’abstenir de contact sexuel, et plus généralement de contact cutané prolongé, lorsqu’on a des signes de la variole du singe et/ou si on est testé positif.
►Transmission de l’animal à l’Homme : « Le virus se transmet principalement à l’être humain à partir de divers animaux sauvages, rongeurs ou primates par exemple » explique l’OMS. L’infection est provoquée par un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. « En Afrique, on a documenté des infections humaines à la suite de la manipulation de singes, de rats géants de Gambie et d’écureuils infectés, les rongeurs étant vraisemblablement le principal réservoir du virus. La consommation de viande d’animaux infectés pas suffisamment cuite est un facteur de risque possible« développe l’OMS.
Que faire si on est cas contact ?
La Haute Autorité de santé (HAS) recommande de vacciner les cas contacts d’un cas confirmé de variole du singe par le vaccin contre la variole. Pas besoin de s’isoler en revanche. Pour les enfants (-de 18 ans), la HAS préconise que la vaccination soit envisagée au cas par cas. Si votre enfant est cas contact, l’Agence Régionale de Santé (ARS) préconise de :
- Surveiller l’apparition de symptômes (fièvre, éruption cutanée) et solliciter le 15 en cas de besoin ;
- Se voir proposer une consultation afin de faire bénéficier à l’enfant d’une vaccination si celle-ci est jugée nécessaire par le médecin
- En l’absence de symptômes, et en l’état des connaissances, il n’y a pas de risque connu de contagion. Aucune mesure n’est donc nécessaire pour l’enfant (ni isolement, ni adaptation des activités) ni pour les autres membres de la famille.
Quelles sont les règles d’isolement avec la variole du singe ?
Une personne dont le résultat du test diagnostique (PCR) au virus du monkeypox est positif est un cas confirmé de variole du singe et doit s’isoler à domicile pour une durée de 3 semaines à partir de leur date de début des signes si leur état clinique ne nécessite pas une hospitalisation, rappelle Santé Publique France. Elle est contagieuse depuis les premiers signes, jusqu’à la cicatrisation complète de la peau. Pendant l’isolement à domicile si possible dans une pièce séparée des autres habitants :
- Pas de sortie ni de visite, sauf indispensable (médicale par exemple)
- Pas de contact physique (pas d’embrassade, contact peau à peau…)
- Porter un masque chirurgical en présence d’autres personnes
- Couvrir au mieux les éruptions ou boutons (vêtements, pansements)
- Ne pas partager ses effets personnels (objets, vaisselle, vêtements, linge de maison)
- Pas de contact avec les animaux domestiques (possibilité de transmission)
- Bien respecter le traitement donné par le médecin, car certains médicaments sont à éviter (ne pas prendre d’anti-inflammatoires)
- Mains propres, ongles courts, ne pas se gratter, ne pas toucher les boutons.
- Se laver les mains avant tout contact et régulièrement en utilisant de l’eau et du savon ou une solution hydro-alcoolique.
- Eviter de prendre des bains, privilégier les douches et se sécher en tamponnant (sans frotter).
- Laver ses affaires personnelles séparément (vaisselle, linge à 60° si possible).
- Nettoyer/désinfecter régulièrement les surfaces touchées, surtout sanitaires (1 fois par jour), avec les produits habituels.
- Il est recommandé de s’abstenir de rapports sexuels jusqu’à 21 jours après le début des symptômes.
Si des croûtes tombent, elles peuvent être contagieuses, de même que les pansements et bandages souillés : les mettre dans un sac-poubelle spécifique à fermer, puis mettre dans un autre sac poubelle à fermer avant de le jeter avec les déchets ménagers. Les proches doivent se laver les mains régulièrement, éviter tout contact direct (peau à peau) avec la personne infectée ou ses effets personnels (vaisselle, linge, …) et porter un masque chirurgical à sa proximité.
Combien de temps est-on contagieux ?
« La variole du singe est une maladie contagieuse, confirme le Pr Brugère-Picoux mais pas autant que la varicelle. » La personne est contagieux depuis les premiers signes de la maladie et jusqu’à la cicatrisation complète de la peau, rappelle la Mission nationale Coreb. « Les personnes vivant avec une personne infectée doivent éviter les contacts rapprochés » a rappelé le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse en juin.

Si on pense présenter des symptômes de variole du singe, il faut consulter un médecin ou appeler le 15 si on ne sait pas vers qui se tourner. La confirmation diagnostique de la variole du singe passe par une analyse du virus en laboratoire notamment par test PCR. Le prélèvement de référence est le prélèvement cutané (biopsie ou écouvillon en frottant plusieurs vésicules) et/ou nasopharyngé si la personne a une poussée éruptive dans la bouche ou la gorge. « Au microscope (prélèvement cutané, ndlr), on reconnaît tout de suite le virus car c’est un gros virus » précise le Pr Brugère-Picoux. En attendant de réaliser le test et de connaître les résultats, les personnes testées doivent à s’isoler. Le 25 juillet, la Haute Autorité de Santé (HAS) se prononce en faveur de l’inscription au remboursement par l’Assurance maladie des tests d’amplification des acides nucléiques (TAAN) pour détecter l’infection par le virus Monkeypox. La HAS recommande « selon le contexte clinique et le type de lésions observées, d’effectuer par ordre de priorité : des prélèvements muqueux, des prélèvements cutanés ou des prélèvements de la sphère oropharyngée« . Avant de rappeler « que le diagnostic d’infection par le virus Monkeypox est avant tout clinique, la détection par test TAAN ne doit ainsi être effectuée qu’en cas de doute persistant après examen clinique« . Le recours à ce type de test se limite ainsi aux « cas suspects » et « cas possibles ».
► Les cas suspects sont les patients présentant des signes cliniques évocateurs d’une infection à Monkeypox virus sans exposition à risque d’infection identifiée. Les définitions des cas évoluent pour inclure une catégorie « cas possible » correspondant aux patients présentant des signes cliniques évocateurs d’une infection à Monkeypox virus et au moins une exposition à risque d’infection (retour d’un voyage dans un pays d’Afrique où le virus circule habituellement, ou partenaires sexuels multiples quelle que soit l’orientation sexuelle, ou homme ayant des rapports sexuels avec des hommes). Comme pour les cas suspects, les cas possibles doivent faire l’objet d’un test de confirmation biologique (sauf exception pour les cas possibles, si les symptômes cliniques sont suffisamment évocateurs et que les diagnostics différentiels ont été écartés, le test peut ne pas être réalisé) ;
► Les cas probables sont les patients présentant des signes cliniques évocateurs d’une infection à Monkeypox virus et un lien épidémiologique avec un cas confirmé. La conduite à tenir pour les cas probables est adaptée, avec la suppression du test systématique en raison de la forte présomption clinique et du lien avec un cas confirmé.
► Le cas confirmé : il n’est plus nécessaire de disposer d’un résultat positif de qPCR ou RT-PCR spécifique du virus MKP pour confirmer un cas ; un résultat positif en qPCR générique du genre Orthopoxvirus, associé ou non à un résultat de séquençage partiel spécifique du virus Monkeypox, permet de confirmer le cas.
Quel est le traitement contre la variole du singe ?
La variole du singe est une maladie dont le patient guérit le plus souvent spontanément en deux à trois semaines. « Dans la situation où un traitement de l’infection à Monkeypox est à envisager lors d’une forme grave de la maladie notamment et après discussion collégiale, le tecovirimat serait le traitement proposé en première intention » indique le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Le Tecovirimat (SIGA Technologies) est un médicament antiviral sous forme de gélules qui va empêcher le virus de se propager dans l’organisme. La posologie recommandée chez l’adulte et l’enfant varie en fonction du poids précise l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) :
► Pour les patients de 13 kg à moins de 25 kg : 1 gélule administrée toutes les 12 heures
► Pour les patients de 25 kg à moins de 40 kg : 2 gélules administrées toutes les 12 heures
► Pour les patients de 40 kg et plus : 3 gélules administrées toutes les 12 heures
La durée de traitement recommandée est de 14 jours. Les gélules de Tecovirimat doivent être prises dans les 30 minutes suivant un repas.
Quel est le vaccin administré contre la variole du singe ?
Supprimée depuis 1984, la vaccination antivariolique est de retour en France face à l’émergence de cas du virus Monkeypox responsable de la variole du singe. La vaccination contre la variole du singe est proposée en prévention aux personnes les plus exposées au virus (liste ci-dessous) ou en post-exposition chez les cas contacts d’une personne infectée. C’est le vaccin antivariolique Imvanex, produit par le Laboratoire danois Bavarian Nordic qui est actuellement indiqué dans la lutte contre la variole du singe.
La variole du singe est-elle dangereuse ?
L’OMS est particulièrement préoccupé par les risques que présente ce virus chez les personnes vulnérables, notamment les enfants, les immunodéprimées et les femmes enceintes. « Il y a une incertitude totale aujourd’hui. L’alerte des autorités est sérieuse. On peut s’inquiéter mais peut-être à tort, il faut attendre de voir comment ça évolue » répond le Pr Brugère-Picoux. Avant de rappeler que le virus de la variole du singe « est un virus stable, c’est un virus à ADN, il ne mute pas facilement comme un virus à ARN (type le Sars-Cov-2 du Covid-19, ndlr) ». La maladie peut se compliquer d’une surinfection des lésions cutanées ou d’atteintes respiratoires, digestives, ophtalmologiques ou neurologiques. En Europe, 2 décès ont été signalés en Espagne.
La variole du singe est-elle mortelle ?
« Le taux de mortalité lors des flambées d’orthopoxvirose simienne s’est établi entre 1% et 10% (3.6% pour la souche d’Afrique occidentale ; 10,6% pour la souche d’Afrique centrale), la plupart des décès survenant chez les plus jeunes » indique l’OMS. « La maladie dure généralement de 2 à 4 semaines. En Europe, 2 décès (Espagne) ont été rapportés à ce jour.
La maladie étant transmissible par contact avec les lésions, il faut éviter tout contact avec la personne atteinte et avec ce qu’elle a pu toucher (drap, serviettes de toilette, vêtements…). La personne contaminée doit s’isoler. Lorsqu’une personne est infectée par le virus de la variole du singe, elle doit « éviter au maximum les contacts avec son animal de compagnie, idéalement en le faisant garder par une autre personne le temps de l’isolement » et « avant chaque contact avec son animal, se laver les mains, puis porter des gants et un masque à usage unique » a recommandé l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) le 16 juin qui s’est interrogée sur la transmission du virus de l’homme aux animaux. « Par comparaison avec la variole humaine, les mesures d’éradication ne pourront pas être aussi efficaces avec la variole simienne du fait d’un réservoir viral dans plusieurs populations d’animaux sauvages en Afrique » précise le Pr Brugère-Picoux. Enfin, la vaccination contre la variole permettait d’offrir une protection croisée contre le virus de la variole simienne estimée à 85%.

Quelle est l’origine de la variole du singe ?
La variole du singe est une maladie qui a émergé en Afrique. Les premiers cas humains ont été recensés en 1970 dans la République démocratique du Congo. On reconnait une origine zoonotique (transmission venat de l’animal (écureuil, rat de Gambie en Afrique…)) dans la plupart des cas africains. Les cas émergents hors Afrique depuis début mai 2022 (premier cas rapporté en Angleterre par l’UKHSA le 7 mai) sont liés à des contaminations interhumaines : « Des enquêtes sont en cours, mais l’apparition soudaine du monkeypox dans de nombreux pays au même moment suggère qu’il peut y avoir eu une transmission non détectée pendant un certain temps » a expliqué l’OMS le 1er juin. Alors que la transmission de l’animal à l’homme est admise en Afrique, ces cas émergents sont liés à des contaminations interhumaines, souvent observées chez des hommes homosexuels ou bisexuels présentant des lésions cutanées génitales et au niveau du visage. « Une transmission sexuelle peut être suspectée. La transmission interhumaine est possible par le contact avec les fluides corporels, les lésions cutanées (dont les croûtes), l’environnement ou les objets contaminés par le malade. Il peut aussi s’agir d’une contamination d’origine nosocomiale » a expliqué le Pr Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et membre de l’Académie nationale de médecine dans un document de synthèse du 22 mai 2022. Contactée par téléphone, elle confirme que pour l’instant « on est dans une incertitude totale, on a des raisons de s’inquiéter mais il faut attendre de voir si cela continue ou pas« . Selon elle « seule une enquête épidémiologique complète permettra d’évaluer le risque lié à ce virus émergent hors de sa région géographique habituelle (Afrique, ndlr) ».
Merci au Pr Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et membre de l’Académie nationale de médecine.
Sources :
– Monkeyox – Evolution de la conduite à tenir, élargissement de la vaccination et mise à disposition du Tecovirmiat. DGS, 8 juillet 2022
– Monkeypox virus (variole du singe) Fiche d’information au patient, après le diagnostic. Mission Coreb. 3 juin 2022.
– Variole du singe : risque d’une propagation interhumaine depuis la description de près d’une centaine de cas sporadiques autochtones décrits simultanément depuis le 6 mai 2022 en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Jeanne Brugère-Picoux. 22 MAI 2022.
– Mise à jour épidémiologique : épidémie de monkeypox, 20 mai 2022, ECDC
– Monkeypox, Centers for Disease Control and Prevention
– Orthopoxvirose simienne, OMS, 6 juin 2018
– Institut Pasteur
– Monkeypox, Santé Publique France