[Mise à jour le 8 juillet 2022 à 16h21] Supprimée depuis 1984, la vaccination antivariolique est de retour en France face à l'émergence de cas du virus Monkeypox responsable de la variole du singe. Le 8 juillet, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de proposer la vaccination contre la variole du singe en préexposition aux personnes les plus exposées au virus :
- Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ;
- Les personnes en situation de prostitution ;
- Les professionnels des lieux de consommation sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux
"La HAS ne recommande pas, à ce stade, la vaccination en préexposition des professionnels de santé prenant en charge les personnes malades, les mesures d'hygiène habituelles et le port d'équipement de protection individuelle rendant le risque de contamination très faible en pratique. Néanmoins, la HAS recommande que cette vaccination puisse être envisagée au cas par cas" ajoute l'autorité. 9 centres de vaccinations contre la variole du singe vont ouvrir en Ile-de-France annonce l'Agence régionale de santé d'Île-de-France (ARS). "Ils sont communiqués aux personnes cas contact à risques, potentiellement éligibles à la vaccination. Ils peuvent également être sollicités directement par les personnes se sachant sujet contacts à risque d'un cas confirmé pour évaluer l'indication de la vaccination" précise l'Agence qui publie la liste des lieux sur son site. Selon les estimations de l'Institut National de Veille Sanitaire, la couverture vaccinale réelle contre la variole est estimée à 50% pour la population française née de 1972 à 1978, à 65% pour celle née de 1966 à 1971 et de 90% pour celle née avant 1966. Qui a inventé le vaccin contre le variole ? A quelle date ? Quelles sont les contre-indications et dangers du vaccin ? Quels effets secondaires ? Quelle est la situation en France ? Est-il obligatoire ? Quelle efficacité contre la variole du singe ?
Quels sont les vaccins utilisés contre la variole du singe ?
L'apparition de cas de Monkeypox, dans plusieurs pays, notamment européens, et la confirmation de cas en France, ont conduit la Direction générale de la santé à saisir en urgence la HAS afin de préciser la stratégie vaccinale à mettre en œuvre pour réduire la transmission interhumaine du virus. Il n'existe aucun vaccin contre le Monkeypox mais celui contre la variole serait efficace à 85% selon l'Institut Pasteur. Selon l'arrêté publié au Journal Officiel le 26 mai, deux vaccins peuvent être administrés en France (même principe d'action, efficacité similaire) : le vaccin IMVANEX (déjà autorisé en Europe) et le vaccin JYNNEOS. Ces deux vaccins sont fabriqués par la firme Bavarian Nordique localisée au Danemark.
→ Selon Santé Publique France, est considéré comme un cas contact à risque de variole du singe :
- Toute personne ayant eu un contact physique direct non protégé avec la peau lésée ou les fluides biologiques d'un cas probable ou confirmé symptomatique, quelles que soient les circonstances y compris actes de soin médical ou paramédical, ou partage d'ustensiles de toilettes, ou contact avec des textiles (vêtements, linge de bain, literie) ou de la vaisselle sale utilisés par le cas probable ou confirmé symptomatique.
- Toute personne ayant eu un contact non protégé à moins de 2 mètres pendant 3 heures avec un cas probable ou confirmé symptomatique (ex. ami proche ou intime, voisin de transport, voisin de bureau, personnes partageant le même lieu de vie sans lien intime, acte de soin ou d'hygiène, milieu scolaire et universitaire, club de sport…).
Qui doit se faire vacciner en France contre la variole ?
En France, la vaccination obligatoire contre la variole a été totalement arrêtée en 1984. Mais elle est restée recommandée aux personnes exposées à un risque élevé, comme le personnel de laboratoire et le personnel soignant qui travaillent avec le virus de la variole ou les matériels apparentés. La HAS recommande la vaccination pour toutes les personnes en contact avec un cas de variole du singe (Monkeypox). La HAS recommande que la vaccination se déroule préférentiellement dans les 4 jours suivant l'exposition à risque (jusqu'à 14 jours maximum). Selon les recommandations actualisées le 20 juin par l'ANSM et la HAS, doivent être vaccinés les cas contacts d'un cas confirmé de variole du singe par les vaccins de 3ème génération (IMVANEX ou JYNNEOS) :
► Les primo-vaccinés, c'est-à-dire les personnes qui ont été vaccinées dans leur enfance contre la variole avant 1980, doivent recevoir une seule dose de vaccin de 3ème génération, sauf pour les personnes immunodéprimées (3 doses).
► Pour les enfants, la HAS recommande que la vaccination des personnes de moins de 18 ans soit envisagée au cas par cas.
Définition : c'est quoi le vaccin contre la variole ?
Le virus de la variole appartient au groupe des orthopoxvirus. Ce groupe comprend, outre le virus de la variole, 3 virus transmissibles à l'homme dont le virus de la vaccine (virus qui touche les vaches) qui est utilisé dans le vaccin (similaire à la variole mais moins nocif). Le vaccin antivariolique est ainsi un vaccin vivant à virus attenué. Il y a eu trois générations de vaccins antivarioliques :
- vaccin de 1ère génération : vaccin ancien vivant atténué réplicatif
- vaccin de 2e génération : vaccin ancien vivant atténué réplicatif
- vaccin de 3e génération : vaccin vivant atténué non réplicatif (qui ne peut pas se multiplier dans l'organisme humain)
Les vaccins de 1ère génération et de 2ème génération contre la variole ne sont plus utilisés depuis 1984 du fait de l'éradication de la variole. "Ces vaccins nécessitaient une technique d'injection particulière (injection par aiguille bifurquée), présentaient une réactogénicité et des effets indésirables graves (encéphalite, encéphalopathie, eczéma vaccinatum, vaccine progressive ou générale, atteintes cardiaques…)" rappelle la HAS dans son communiqué du 24 mai 2022. Le vaccin Imvanex© de la firme Bavarian Nordic dit de "3ème génération", possède une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) européenne depuis juillet 2013 et est indiqué pour l'immunisation active contre la variole chez les adultes. "Il présente un mode d'administration et un profil de sécurité beaucoup plus favorable que ceux des vaccins de 1ère et 2ème génération, tout en assurant une immunogénicité comparable." Il est commercialisé aux Etats-Unis sous le nom commercial Jynneos© et peut aussi être administré en Europe contre la variole du singe.
A quelle date a été inventé le vaccin contre la variole ?
Le médecin chirurgien anglais Edward Jenner (1749-1823) a mis au point le premier vaccin contre la variole en 1796. La variole est la première vaccination dans l'Histoire de l'humanité, bien avant Pasteur. Les premières vaccinations anti variole en France eurent lieu en 1799 (150 000 en 1806 à 750 000 en 1812).
Qui a découvert le vaccin contre la variole ?
Le médecin chirurgien anglais Edward Jenner a découvert le vaccin contre la variole.
Quel est le nom du vaccin contre la variole ?
Trois vaccins antivarioliques ont été disponibles en France :
→ le vaccin fabriqué jusque dans les années 1980 par l'Institut vaccinal du Docteur Pourquier : Vaccin antivariolique lyophilisé de l'institut vaccinal du Docteur Pourquier dit " Vaccin Pourquier "
→ le vaccin fabriqué par Sanofi-Pasteur : vaccin antivariolique purifié et stabilisé liquide dit " Vaccin Aventis ".
→ Le vaccin dit de 3ème génération autorisé en Europe, l'Imvanex® de la firme Bavarian Nordic. Ce vaccin dispose également d'une AMM aux États-Unis (sous le nom de Jynneos©). Ces deux vaccins peuvent être administrés en France.
La vaccination doit être différée en cas de fièvre élevée.
Le vaccin contre la variole est-il obligatoire ?
En France, la vaccination contre la variole était obligatoire de 1901 à 1979 rappelle le ministère de la Santé. A cette date, il a été décidé de ne plus imposer de primo-vaccination contre la variole (Loi 79-520 du 2 juillet 1979) avant, finalement de totalement supprimer les rappels de vaccination en 1984 (Loi 84-404 du 30 mai 1984) soit longtemps après la survenue du dernier cas de variole dans le monde (1977 en Somalie) et alors que tous les pays adhérant à l'OMS décidaient également d'arrêter de vacciner systématiquement contre cette maladie. Cependant, la possibilité d'y avoir recours a été conservée grâce à un texte réglementaire qui indique que : "en cas de guerre, de calamité publique, d'épidémie ou de menace d'épidémie, la vaccination ou re-vaccination contre la variole peut être rendue obligatoire par décret ou par arrêtés préfectoraux pour toute personne, quel que soit son âge".
Quels sont les effets secondaires du vaccin contre la variole ?
Les vaccins de 1ère et 2e génération contre la variole -qui ne sont plus autorisés aujourd'hui- présentaient une réactogénicité et des effets indésirables graves : encéphalite, encéphalopathie, eczéma vaccinatum, vaccine progressive ou générale, atteintes cardiaques… Ils sont contre-indiqués dans de nombreux cas et notamment chez la femme enceinte, les sujets immunodéprimés et les enfants de moins d'un an. Les vaccins de 3ème génération (comme Imvanex et Jynneos) présentent "un profil de sécurité beaucoup plus favorable que ceux des vaccins de 1ère et 2ème génération, tout en assurant une immunogénicité comparable" rassure la HAS. Selon le RCP du vaccin Imvanex, les effets indésirables les plus fréquemment observés lors des essais cliniques étaient des réactions au site d'injection et des réactions systémiques couramment observées après une vaccination : céphalées, myalgie, douleur au site d'injection, érythème au site d'injection, gonflement au site d'injection, induration au site d'injection, prurit au site d'injection, fatigue. Ces réactions ont été d'intensité légère à modérée et ont disparu sans traitement dans les sept jours suivant la vaccination. "A noter que les personnes atteintes de dermatite atopique ont développé davantage de symptômes locaux et généraux après la vaccination" précise l'Agence du médicament dans une note d'information publiée le 26 mai. Lors d'un essai clinique non contrôlé contre placebo ayant comparé la sécurité d'Imvanex chez des personnes atteintes de dermatite atopique et chez des sujets sains, les personnes atteintes de dermatite atopique ont présenté un érythème (61,2%) et un gonflement (52,2%) au site d'injection à une fréquence plus élevée que chez les sujets sains (49,3% et 40,8%, respectivement). 7% des personnes atteintes de dermatite atopique ont présenté une poussée ou une aggravation de leur affection.
Quelles sont les contre-indications du vaccin contre la variole ?
Selon le RCP du vaccin Imvanex® autorisé en Europe, celui-ci est contre-indiqué en cas d'hypersensibilité au principe actif ou à l'un des excipients (Trométamol / Chlorure de sodium / Eau pour préparations injectables) ou aux résidus présents à l'état de traces (protéines de poulet, benzonase, gentamicine et ciprofloxacine). Enfin, la vaccination doit être différée en cas de maladie fébrile aigüe sévère (fièvre élevée).
Sources :
– Avis de l'ANSM concernant la vaccination contre le virus Monkeypox, ANSM, 15 juin 2022
– Avis n° 2022.0034/SESPEV du 20 mai 2022 du collège de la Haute Autorité de santé relatif à la vaccination contre Monkeypox. HAS. 20 mai 2022.
– Cas de Monkeypox en Europe, définitions et conduite à tenir 20 mai 2022. Santé Publique France.
– Utilisation du virus de la variole comme arme biologique. INVS, 25 octobre 2001.
– Vaccin antivariolique, juin 2021, Le Manuel MSD
– Prévention et traitement de la variole, CDC
– Avis relatif à la révision du plan variole, Haut conseil de la santé publique, 21 décembre 2012
– Institut Pasteur