Diam’s fête ses 42 ans ce 25 juillet. Figure éblouissante du rap français, elle a tout quitté pour adopter une vie spirituelle, auprès de son mari, de ses enfants… et dans le respect de la religion musulmane et de ses préceptes. Portrait.
Il existe des artistes qui marquent une époque. Diam’s, qui célèbre ses 42ans le 25 juillet 2022, est de ceux-ci. La Petite Banlieusarde a marqué à jamais l’histoire du rap français. Trois albums, plus d’un million de disques vendus, des dizaines de tubes, deux Victoires de la Musique, une plume tranchante et engagée qui transcende les générations, puis une traversée des ténèbres. Depuis plus de dix ans, Diam’s est à nouveau Mélanie Georgiades. Elle se dit « sauvée par l’islam » et a bâti sa vie de famille loin du show-business. Se confier, elle ne le fait plus à travers ses chansons, mais dans des livres et dans son documentaire Salam, acclamé au Festival de Cannes en mai dernier… Voilà ce que l’on y apprend.
Diam’s, l’écorchée vive
Né en 1980, à Nicosie, capitale de Chypre, Diam’s arrive en France avec sa mère à l’âge de 3 ans. Après la séparation de ses parents, elle passe son enfance dans le département de l’Essonne, à Brunoy, où elle souffre d’une solitude étouffante. Avec sa mère, elle entretient une relation pleine de pudeur, de distance, vide de « je t’aime » comme elle l’écrit…
Les contacts avec son père, qui est retourné vivre à Chypre, se limitent à un à quelques appels, avant de devenir de plus en plus rares… jusqu’à la rupture totale. Entre un père absent et une mère éprise de son travail dans une maison de disque, la Petite Banlieusarde, fille unique, cultive un profond mal-être.
Diam’s : tentative de suicide et renaissance
Ce qui la fait tenir: le rap. « Le rap était devenu ma passion, il n’y a pas d’autres mots pour décrire le lien entre cette musique et moi. Elle était mon obsession, comme si ma vie avait pris là tout sons sens », confie-t-elle dans son autobiographie. Seulement, elle ne sait pas quels mots mettre sur sa souffrance. A l’âge de 15 ans, elle fait une tentative de suicide en ingérant une forte dose de médicaments.
« Je marchais (…) parce que mes amis ne voulaient pas que je meure. Mais je marchais pour aller où, pour faire quoi? À ce moment-là de ma vie, je me dis que la mort est préférable à ce que je suis en train de vivre« , a-t-elle confié dans son documentaire Salam.
C’est à ce moment là que Diam’s naît. « Diam’s », pour diamant. « Je tombe sur la définition du mot diamant, et j’apprends qu’un diamant ne peut être brisé que par un autre diamant et qu’il n’est fait que d’éléments naturels », déclarait-elle sur Zicline.
Diam’s, des salles combles à l’hôpital psychiatrique
Passionnée, elle écrit ses premiers textes, pose sur des compilations et se fait un nom dans le monde du rap jusqu’alors hermétique aux femmes.
De succès en succès, Diam’s atteint les sommets. Son tremplin ? Le tube de l’été 2003 DJ. Plateaux télé, radios, concerts, reine du Top 50, la jeune rappeuse rafle tout… jusqu’à l’apothéose: le phénomène Dans ma Bulle.
Diam’s fait jumper avec La Boulette, rêver avec Jeune Demoiselle, pleurer avec Confessions Nocturnes, s’engager avec Ma France à Moi, puis Diam’s pète les plombs !
« J’avais beau être devenue célèbre, il m’arrivait de pleurer seule comme une enfant en allant me coucher.(…) La solitude et le silence devenaient tellement angoissants que je préférais les fuir en me forçant à dormir », confie-t-elle. Diam’s enchaîne les séjours en hôpital psychiatrique, les « crises de folie », elle sanglote même son désarroi aux Victoires de la Musique en 2008. Ni les psy ni les médicaments ne guérissent la détresse psychologique de Diam’s…
Le secours de l’islam
Diam’s raconte qu’un jour, une de ses amies (de confession musulmane) s’éclipse pour prier. Inconsciemment, la rappeuse la suit, et tout bascule. Grâce à cette prière, la jeune femme fragile et souvent anéantie se sent revivre. Diam’s s’envole alors pour l’île Maurice avec son amie Vitaa. Elle s’y convertit à l’islam. « Si je n’avais pas ouvert le Coran un soir sur une plage de l’île Maurice et trouvé un sens à ma vie, je pense que je me serais vraiment foutue en l’air« , a-t-elle confié dans son documentaire.
Aujourd’hui, une décennie après sa renaissance, Mélanie Georgiades vit à des milliers de kilomètres du gris Paris, avec son époux l’ex-rappeur franco-tunisien Faouzi Tarkhani, et ses trois enfants, Maryam (10 ans) Abraham (7 ans) et Luqman (5 ans). Sa maternité, sa vie de famille et ce Dieu qui s’est révélé à elle auront permis à Diam’s de trouver la paix…