Une semaine après le meurtre sordide de la jeune Lola, âgée de 12 ans, bon nombre de parents et d’élèves sont encore sous le choc. Certains ont même peur de laisser leur enfant aller et revenir seul de l’école. Comment rassurer son bambin ? Quelles sont les précautions à prendre ? Et comment réagir en tant que témoin ? Le secrétaire national du syndicat Unité SGP Police FO nous donne ses conseils.
Laisser son enfant aller à l’école seul le matin, pour revenir de lui-même après les cours, est un sujet qui nourrit de nombreuses inquiétudes chez les parents. Est-il prêt ? A-t-il assez de maturité pour veiller à sa propre sécurité ? Et s’il rencontre un inconnu sur le chemin de l’école, saura-t-il réagir comme il faut ? Ce sont des questions que se posent un jour ou l’autre les parents et d’autant plus lorsque dans les médias ou sur les réseaux sociaux des affaires d’enlèvement ou de meurtre d’enfant sont diffusées en boucle. Récemment, l’affaire de Lola, 12 ans, disparue et violemment tuée alors qu’elle rentrait de son collège a ému bon nombres de familles à travers toute la France, ravivant ainsi d’autres peurs. Alors pour aider les parents à préparer leurs enfants aux dangers auxquels ils peuvent être exposés, nous avons interrogé Jean-Christophe Couvy, secrétaire national du syndicat Unité SGP Police FO. Il nous partage ses conseils et ses astuces.
Quelles précautions donner à un enfant qui se rend tout seul à l’école ?
Avant tout, Jean-Christophe Couvy, qui est aussi père de famille, recommande aux parents de sensibiliser les enfants aux dangers qui peuvent exister à l’extérieur, « sans leur faire peur, ni les bloquer ». « On a tous ce réflexe maternel ou paternel de trop vouloir les protéger, mais il faut leur dire la vérité que dans le monde il n’y a pas que des gens gentils et qu’il y a aussi des personnes malintentionnées. »
Les parents ont aussi tout intérêt à faire le trajet de l’école avec leurs enfants en leur montrant quel parcours ils doivent emprunter. « Évitez les rues isolées, qui ne sont pas trop fréquentées, même si ça fait gagner du temps » conseille le spécialiste avant d’ajouter « il faut que les enfants empruntent le chemin comme un réflexe, et qu’ils sachent que s’ils rencontrent un problème ils peuvent aller dans telle boutique pour demander de l’aide. » Si l’enfant a un téléphone portable, cela peut aussi être un outil de prévention. « En cas de danger, il doit savoir composer le 112, c’est le numéro d’urgence européen, qui localise les appelants. »
« La difficulté première est de définir ce qu’est un inconnu à un enfant. » Car souvent, les jeunes enfants n’arrivent pas à faire la différence et peuvent accorder très vite leur confiance à n’importe qui s’ils ne sont pas prévenus. « Un inconnu c’est une personne qu’on ne lui a pas présenté, qui ne fait pas partie de notre entourage et en qui on a pas confiance », détaille l’expert. Et à l’inverse, il faut lui présenter les personnes de confiance vers qui il peut se tourner et parler si un jour il rencontre un souci sur le chemin de l’école, comme un commerçant de proximité par exemple. Certaines situations doivent aussi être expliquées aux enfants pour qu’ils présagent un danger.
Par exemple :
- Si l’enfant se retrouve face à un inconnu qui lui demande de l’aide, il doit savoir qu’un adulte demande toujours de l’aide à un autre adulte et non à un enfant.
- Si un inconnu lui présente dans la rue un petit chien ou un petit chat, l’enfant ne doit pas baisser la garde ni lui donner sa confiance.
Dans tous les cas, un enfant qui se sent en danger face à un inconnu doit crier fort et essayer de fuir vers un endroit sûr qu’il connait. « S’il ne peut pas, il faut qu’il essaie de se rapprocher d’un panneau STOP pour être visible. L’idée c’est que plus il fait du bruit et qu’il manifeste de la résistance, moins le ravisseur va s’attacher à vouloir le prendre. En général, ces personnes là ne veulent pas perdre trop de temps avec leur victime, ni même être remarquées. »
Quelles astuces mettre en place ?
Pour qu’un enfant se sente en sécurité en allant à l’école, et pour que les parents soient aussi rassurés, certains dispositifs peuvent être mis en place, comme le port d’un sifflet. Un bambin peut l’avoir autour de son cou ou dans sa poche et l’utiliser s’il se sent suivi ou en danger. Les parents peuvent aussi, avec leurs enfants, inventer un mot de passe (le nom de la grand-mère, de l’animal de compagnie, du film préféré de l’enfant) qui devra être utilisé si une personne vient exceptionnellement chercher le chérubin à l’école. « L’enfant devra alors lui demander quel est le mot de passe, et si la personne ne l’a pas, il saura qu’il ne doit pas se fier à elle », commente l’expert.
À la sortie de l’école, Jean-Christophe Couvy insiste sur un point : un enfant doit faire attention à son comportement. « Il ne doit pas rester seul, ni statique. Soit il discute avec ses camarades et ils rentrent tous ensemble en se raccompagnant les uns et les autres, ou soit il ne perd pas de temps et prend tout de suite le chemin de sa maison. Mais une personne immobile est une cible. C’est pourquoi, il faut toujours être en mouvement », prévient Jean-Christophe Couvy. Il existe aussi des petites alarmes, que l’on peut emporter facilement avec soi et qui se déclenchent en appuyant sur un simple bouton.
Face à un comportement suspect ou à une situation anormale, un témoin adulte a la responsabilité d’intervenir pour protéger la jeune victime. « Quand on voit un enfant se débattre ou crier, on se doit de réagir. Il faut parler à l’enfant, lui demander s’il connaît cet adulte. On doit aussi appeler rapidement la police, filmer la scène et l’agresseur pour avoir des renseignements », nous explique le secrétaire du syndicat Unité SGP Police FO. L’enfant doit pouvoir raconter ce qu’il s’est passé et se sentir en confiance malgré la situation. Il est donc important de ne pas l’effrayer, ni même d’être trop brusque avec lui : expliquez qui vous êtes, que vous êtes là pour l’aider, rassurez-le et proposez-lui d’appeler ses parents.
Faut-il parler de ce type de drame aux enfants ?
Lorsque des drames comme le meurtre de la petite Lola sont partagés dans les médias, ou sont au cœur des discussions entre adultes et même entre élèves, est-ce que les parents doivent parler de ces sujets avec leurs enfants ? « Je pense que oui, on ne doit pas leur cacher la vérité. Les enfants ont cette perception d’un monde blanc et noir, et heureusement ils ont cette naïveté mais ils ne comprennent pas toujours pourquoi il y a des drames ou des méchants. En discuter avec eux, ça leur permet de découvrir le (vrai) monde. Il vaut mieux aussi leur en parler pour que eux-mêmes mettent des mots sur ce qu’ils ressentent, plutôt que de les laisser dans le doute », déclare Jean-Christophe Couvy. Les discussions permettent de mettre à plat leurs sentiments et les interrogations qu’ils peuvent avoir. Les enfants comprennent en général les choses quand on leur explique. Bien entendu, dans ce type d’affaires, il n’est pas nécessaire de communiquer tous les détails, notamment les plus sordides. Utiliser des mots simples et accessibles. Vous pouvez aussi pour protéger les plus jeunes couper les écrans à la maison pour qu’ils ne soient pas constamment face à des images choquantes.
Récapitulatif des astuces et comportements à mettre en place pour assurer la sécurité de son enfant
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