La mort d’Elizabeth II est un véritable tabou au Royaume-Uni. Une échéance à laquelle les Anglais ne préfèrent pas penser et dont ils ne parlent surtout pas. Pourtant, voilà déjà quelques années que la monarchie et le gouvernement anglais y sont largement préparés. Si le protocole a été mis à jour récemment, il a été pensé dans les années 1960. Et il porte même un nom : l’opération « London Bridge ».
Alors que la reine d’Angleterre se repose au château de Balmoral, en Ecosse, ses médecins expriment leur plus vive inquiétude quant à son état de santé. Du prince Charles au prince William, en passant (même) par Meghan Markle et Harry, toute la famille royale se rend au chevet d’Elizabeth II, ce 8 septembre. Le peuple britannique tremble à l’idée d’apprendre une triste nouvelle. À 96 ans aujourd’hui, et bien que ses apparitions publiques se fassent de plus en plus rares, la reine Elisabeth II est toujours aussi populaire. Elle détient même le record de longévité pour une souveraine britannique : 70 ans de règne… Un jubilé de platine que le Royaume-Uni tout entier a célébré en juin pendant quatre jours d’hommages, de célébrations et de défilés en tout genre. Selon une récente enquête menée par l’institut YouGov, 75 % des Britanniques l’apprécient. Pas étonnant donc que le sujet de sa mort reste tabou. Pourtant, il est annoncé comme l’évènement le plus médiatique de l’histoire du pays.
L’opération « London Bridge » : règles et délais, tout est déjà fixé pour la succession de la reine
Voilà déjà quelques années que l’opération « London Bridge » a été mise sur pieds par la monarchie et le gouvernement anglais. Jusqu’alors tenu secret, il a finalement fuité en avril dernier, provoquant la colère de Buckingham Palace. Préparées depuis les années 1960, les funérailles de Elisabeth de Windsor obéissent à des règles très strictes. C’est le secrétaire privé de la reine qui sera le premier au courant de la triste nouvelle.
Il sera ensuite chargé de l’annoncer lui-même au Premier ministre anglais (actuellement Liz Truss, qui a rencontré la reine le 6 septembre) en lui dictant la phrase suivante : « London bridge is down », « le pont de Londres s’est écroulé » en français. Un nom de code qui fera immédiatement comprendre au chef du gouvernement que la souveraine est décédée. Le protocole officiel sera ainsi instantanément mis en place et le pays entrera dans une période de deuil national de douze jours.
Une période au cours de laquelle son successeur, son fils le prince Charles, n’aura pas le temps de s’ennuyer. Et pour cause, il fera son premier discours en tant que roi le soir-même du décès de sa mère et sera proclamé roi le lendemain, à 11 heures précises. Son couronnement ne sera effectué qu’au cours des mois suivants. Durant les quatrième, cinquième et sixième jours suivant le décès de sa mère, il devra également effectuer un tour du Royaume-Uni. Il rencontrera alors des représentants officiels chargés de lui présenter leurs condoléances.
Les funérailles officielles de la Reine auront lieu neuf jours après sa mort dans l’abbaye de Westminster. En attendant son enterrement, sa dépouille sera exposée au palais de Westminster deux jours après sa mort pour que ses sujets puissent venir lui rendre hommage. La cérémonie officielle a d’ailleurs entièrement été préparée et il se murmure même qu’un dress code a d’ores et déjà été imposé. Elisabeth II sera enterrée au château de Windsor, aux côtés de son père, George VI et de son mari, le prince Philip, décédé à 99 ans en avril 2021.
Un protocole strict jusque sur les réseaux sociaux
Côté presse, c’est la Press Association qui aura la primeur de l’information et qui sera donc chargée de l’apprendre à tous les autres médias du monde. Un privilège pour cette agence de presse anglaise fondée en 1868 puisqu’il s’agira là de la fin d’une ère. Le décès de la reine Elisabeth II mettant fin au plus long règne d’une souveraine britannique. Ses funérailles seront d’ailleurs les premières d’une monarque britannique depuis 1952. Tous les réseaux de la famille royale et du gouvernement se pareront également obligatoirement d’une bannière noire et le site officiel n’affichera lui plus qu’une page d’accueil noire.
Changement notable : les cloches
Au mois de mai dernier, le journal britannique Mail on Sunday a déclaré qu’un changement de taille avait opéré dans ce protocole pour le moins strict. En effet, ce n’était pas initialement prévu mais les cloches de la cathédrale St. Paul sonneront différemment qu’à l’accoutumée le jour du décès de la reine d’Angleterre. Une information qu’a d’ailleurs confirmée la représentante du Central Council of Church Bell Ringers, en charge de faire fonctionner les cloches, dans les colonnes du journal. « Les cloches vont avoir un son plus étouffé (…) plus solennel. Elles feront un bruit qui ressemblera à un ‘Thud, thud, thud’, plutôt qu’au traditionnel ‘Dong, dong dong' », a-t-elle déclaré.