Fake news, cyber-harcèlement, réseaux sociaux mais aussi doomscrolling, quand internet n’a plus qu’une vocation anxiogène… autant de sujets dont il faut préserver les adolescents, ou du moins les y sensibiliser. Comment mieux accompagner son enfant dans son utilisation numérique ? Nos conseils pour lui permettre de surfer en toute sécurité.
Enfants et adolescents sont de plus en plus connectés. En moyenne, c’est à 14 ans que les jeunes sont considérés comme autonomes sur le net. Depuis la généralisation de l’utilisation de smartphones chez les ados, les parents ont largement eu l’occasion d’être avisés des risques d’une navigation autonome sur le web : exposition aux images choquantes, contenus inappropriés, problèmes de harcèlement en ligne… autant de sujets qu’ils ont généralement cloisonné via des outils de contrôle parental, en vérifiant les paramètres de confidentialité ou en misant sur le dialogue. Néanmoins, une dernière tendance émerge tout aussi dangereuse, mais plus pernicieuse car elle ne relève en soi d’aucune infraction ni mise en danger immédiate : le doomscrolling. Quand les ados ne recherchent plus que des informations angoissantes sur internet. Entre faits divers et évènements tragiques, ils sont pris dans un tourbillon apocalyptique qui les happe, et peut à terme, avoir une incidence sur leur santé mentale. Comment les y soustraire ? Réponses.
Le terme doomscrolling en anglais vient de la contraction des mots « doom », signifiant la chute, ou l’effondrement, et de « scrolling » qui est l’art de naviguer sur le web en faisant défiler son écran numérique de haut en bas. De fait, il désigne la tendance à ne rechercher que des sujets tristes, anxiogènes, voire eschatologiques sur internet. Et par la magie des algorithmes et des intelligences artificielles, d’y être ensuite « spontanément » exposés. Guerre en Ukraine, Covid, catastrophes écologiques, crises diverses et variées sont d’autant plus accessibles que la pagination n’est maintenant plus requise pour continuer à suivre ce genre d’actu et/ou de requêtes. Plus on fait défiler l’écran -plus on scroll- plus Google nous en propose. Plus besoin d’appuyer sur « page suivante », donc. A terme, cette orientation informative n’est pas anodine sur la santé mentale, particulièrement celle des adolescents. Maîtres en matière de scrolling à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit sur une multitude d’appli auxquelles ils sont parfaitement rodés (snapchat, TikTok, Instagram…), cette culture de l’angoisse amène le corps à produire les hormones du stress comme le cortisol ou l’adrénaline. Ils souffrent ainsi d’un état de stress accru, sont confrontés à des troubles du sommeil, et peuvent même développer une tendance à la paranoïa en ayant peur de manquer une info en ligne.
Faut-il priver les enfants et les adolescents de téléphone ?
Outil d’intégration et de socialisation par excellence chez les jeunes, la privation de téléphone ne s’avère pas être la bonne solution pour préserver les enfants/ados des dangers d’une mauvaise utilisation d’internet. En matière de doomscrolling comme pour le reste, il est d’abord primordial de surveiller les humeurs de son enfant/adolescent, en s’attardant sur le moindre changement d’attitude qui s’inscrit dans la durée. Il convient également d’être ferme sur les temps d’écran accordés, récupérer les écrans la nuit (moment propice au doomscrolling), et de ne pas les laisser seuls dans leur chambre trop longtemps avec leur smartphone.
Les parents doivent avant tout se fier à leur ressenti et mesurer si le temps passé semble convenable. Comment l’enfant parle-t-il de cette expérience ? Dort-il suffisamment ? Ses résultats scolaires sont-ils toujours bons ? « Il faut avant tout dialoguer avec son enfant avant d’instaurer des sanctions et confisquer tout appareil mobile ou mettre en place un contrôle parental proche du « flicage ». Ce manque de confiance génère à la fois du stress et un sentiment de suspicion pour l’enfant, et une perte de confiance en soi du côté du parent« , précise Anne-Catherine Baseilhac, experte en parenting. Selon elle, prendre conscience des pratiques de cette nouvelle génération et du temps dont il a besoin permet de mieux accompagner son adolescent face à ces nouveaux modes de communication. « Qu’est-ce qu’il va chercher ? Qu’est-ce que cela lui apporte au niveau de son développement personnel, de sa sociabilité ?… Il faut ensuite poser un cadre, des limites qui doivent être claires et évolutives, mais surtout communiquer ensemble, de manière bienveillante« , conseille la spécialiste.
1 – Établir des règles à la maison
Vous pouvez autoriser l’accès à Internet en fixant des règles simples, ensemble, en accord avec vos enfants. Il peut s’agir de définir le temps passé sur les écrans, le type de contenu sur lesquels ils peuvent naviguer en toute autonomie. Ces règles doivent être adaptées en fonction de leur âge, de leur maturité et de leur compréhension des risques auxquels ils peuvent être exposés.
2 – L’accès à internet, dans les pièces de vie commune.
Il est conseillé d’encourager les enfants à surfer sur le web dans le salon par exemple. Cela permet de limiter plus facilement le temps passé devant les écrans et d’éviter que les jeunes se « cachent » pour se connecter en ligne. En outre, si les parents se trouvent aux alentours, l’enfant aura plus de facilité à se confier s’il se sent perturbé ou effrayé par des contenus inappropriés.
3 – Ouvrir le dialogue sur l’utilisation d’Internet
Il est essentiel de sensibiliser les jeunes aux différents contenus en ligne. Parler avec eux des dangers auxquels ils pourraient être exposés, comme les fake-news ou encore les contenus payants et arnaques en ligne. Pour cela, apprenez-leur à réfléchir avant de cliquer sur des liens lorsqu’ils consultent des vidéos ou des sites, ou qu’il reçoivent un mail inconnu. En effet, ils risqueraient ainsi de récupérer des virus ou de divulguer des informations personnelles sensibles les concernant.
4 – Sensibiliser au cyberharcèlement
Les réseaux sociaux sont axés sur le partage et l’interaction entre les jeunes. Mais en quelques clics, ils peuvent facilement devenir acteurs, témoins ou victimes de cyberharcèlement. Pour prévenir les risques, discutez avec votre enfant du comportement à adopter quant à la diffusion, au partage d’informations, de vidéos et de photos personnelles sur les réseaux sociaux.
5 – Contrôle parental et paramètres de sécurité
Appli, jeux vidéos, communautés en ligne et site web représentent une risque d’exposition à des contenus inadaptés aux plus jeunes. Pensez donc à bien paramétrer les informations sur votre ordinateur ou à installer des outils de contrôle parental.
6 – Montrer le bon exemple
Les enfants ont tendance à imiter le comportement de leurs parents. Eviter donc de passer votre temps scotché à votre téléphone portable ou votre tablette.
7 – Enseignez-leur l’esprit critique
Aidez votre adolescent à comprendre ce qu’il voit en ligne, à évaluer les informations sans croire à tout ce qu’ils voient sur le web et à parler à un adulte en cas de doute. « Donnez-lui également le réflexe de vérifier les sources d’une information en le dirigeant vers les sites dont vous avez-vous-même vérifié la pertinence« , conseille Michelle Gilbert, directrice de la communication de Facebook en France et en Europe.
8 – Les règles sont les mêmes en ligne qu’au quotidien
« Il faut garder les mêmes codes de bonnes conduites. Ne pas faire aux autres ce que l’on n’aimerait pas qu’ils nous fassent. Etre prudent réfléchir avant de partager du contenu en ligne – Tout comme vous diriez à votre enfant de regarder des deux côtés de la rue avant de traverser ou de porter un casque pour faire du vélo », ajoute-t-elle.
9 – Identifiez et saisissez l’occasion idéale
Lorsque votre enfant reçoit son premier téléphone mobile, saisissez cette occasion pour fixer les règles de base. Lorsqu’il est suffisamment grand pour s’inscrire sur les réseaux sociaux, « profitez-en pour lui parler du partage de contenu en toute sécurité. Lorsqu’il obtient son permis de conduire, profitez de cette occasion pour lui rappeler qu’il est essentiel de ne pas envoyer des textos en conduisant ».
10 – Demandez à votre enfant de vous expliquer
Vous n’êtes pas sur Facebook ? Ou peut-être avez-vous envie d’essayer un service de musique en streaming ? Si votre enfant connaît déjà ces types d’applications et de sites, il pourra vous apporter une aide précieuse. Abordez alors ensemble la sécurité et la confidentialité en ligne. « Vous pouvez par exemple lui poser des questions concernant les paramètres de confidentialité lors de la configuration de votre propre compte Facebook. Par ailleurs, et en tant que parent, vous ne le savez que trop bien, votre enfant se fera un plaisir de vous apprendre de nouvelles choses », conseille aux parents Michelle Gilbert.