Après la mort d’un bébé de 11 mois, empoisonné au Destop dans une crèche People and Baby de Lyon, des parents ont voulu retirer leur enfant des structures de ce groupe, mais 5000 euros leur sont demandé pour résilier l’inscription. A Bordeaux, une autre structure People & Baby ferme pour 3 mois.
Près de 5000 euros pour retirer son enfant de la crèche
Après la mort d’un bébé empoisonné avec du Destop dans une crèche People & Baby à Lyon en juin dernier, des parents ont voulu retirer leur enfant des crèches appartenant à ce groupe. C’est le cas d’Alizée, maman d’un bébé de 12 mois, qui a confié à RMC qu’elle avait été très surprise voire choquée par la réponse de la structure où est accueilli son enfant. « On leur a fait un mail, on a envoyé notre demande de résiliation (…) On s’est dit que ça allait marcher, qu’on voulait finir à la fin du mois, qu’ils allaient forcément trouver quelqu’un en septembre… La réponse du groupe, c’est non. C’est 90 jours et avant le 1er juin, donc on va vous retirer votre caution. C’est une caution de 2.500 euros et deux fois un Smic, puisqu’un mois à la crèche, c’est un Smic. Donc quasiment 5000 euros« , a expliqué la jeune maman qui a décidé de saisir un avocat même si les conditions de résiliation sont notées noir sur blanc dans le contrat d’inscription.
Les ennuis s’accumulent donc pour le groupe People & Baby dont une structure a été fermée à Bordeaux le 19 juillet pour trois mois par la préfecture de la Gironde, Dans son arrêté, rendu public par l’AFP, la préfecture souligne des « comportements inadaptés de trois professionnels encadrant des enfants à savoir des « cris et paroles inappropriés lors des sorties dans l’espace extérieur situé sur le parking de l’immeuble« . Le rapport également un rapport d’un médecin de la Protection maternelle infantile du 11 juillet qui dénonce » (un) mal-être des enfants, (un) climat de découragement et d’insécurité dans la crèche, (la) présence d’un enfant non connu des professionnels présents et (une) responsable opérationnelle injoignable« .
Bébé empoisonné au Destop dans une crèche People & Baby : que s’est-il passé ?
Le 11 juillet 2022, le nouveau ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe a annoncé la saisie de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) pour enquêter sur les circonstances qui ont mené une auxiliaire puéricultrice à empoisonner un bébé âgé de 11 mois, le 22 juin 2022, dans une crèche du groupe People and Baby à Lyon. En effet, l’employée de la crèche excédée par les pleurs du bébé, a reconnu l’avoir aspergé de soude caustique -un produit toxique utilisé pour déboucher les canalisations-, puis de lui en avoir fait boire. Le bébé est alors décédé sans avoir pu être réanimé et la puéricultrice a été mise en examen pour « homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans. » avant d’être placée en garde à vue. Pour son avocat, l’état psychologique fragile ainsi que d’éventuelles erreurs d’appréciations quant à ses compétences sont à l’origine du drame, plutôt qu’une intention de donner la mort. Compte tenu de sa fragilité et « d’un contexte personnel particulier« , elle n’aurait jamais du être seule avec bébé, avance-t-il. Le 2 juillet dernier, la préfecture du Rhône a pour sa part acté la fermeture administrative de l’établissement.
Alors que la police et la justice se sont saisies du dossier, le ministre des Solidarités veut pour sa part empêcher qu’un tel drame ne se reproduise. Et cela passe par la mission confiée à l’Igas, chargé d’apporter « rapidement des éclaircissements quant aux facteurs qui, dans cette crèche, dans ce réseau, ou dans le cadre général des modes d’accueil, auraient pu concourir à l’installation de situations de danger ou de maltraitance » développe-t-on au ministère, qui en attend également des « solutions pour y remédier » afin de permettre au ministre de prendre d’éventuelles nouvelles mesures règlementaires « susceptibles d’être mises en œuvre dès l’automne ».
Un autre bébé secoué dans les crèches People and Baby ?
Selon France Info, une mère de famille aurait porté plainte ce 6 juillet au commissariat de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines pour « violence aggravée par deux circonstances suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours » ainsi que pour « faux : altération frauduleuse de la vérité dans un écrit ». La jeune maman accuse en effet l’une des employées d’avoir secoué violemment, en juin dernier, son fils âgé de deux ans et quatre mois, sous ses yeux. « Ça faisait plus d’une semaine qu’il arrivait devant la crèche qu’il hurlait, qu’il ne voulait pas rentrer dans la crèche.. Il me disait à chaque fois ‘dame méchante, dame méchante », confie-t-elle à France Info. Une enquête est en cours.
Quelles mesures pour le secteur de la petite enfance ?
Le ministre, qui rencontrait dans le même temps les membres du Comité Filière petite enfance, a envisagé quelques pistes pour relancer le secteur de la petite enfance, tout en garantissant aux parents la qualité d’accueil et le professionnalisme du personnel en charge des tout-petits, qu’ils soient en garde collective ou individuelle. C’est que la gravité et l’atrocité des faits a révélé la vulnérabilité du secteur. La pénurie de professionnels surtout, qui contraint le ministre à débloquer deux millions d’euros, pour financer une campagne de valorisation et d’attractivité des métiers de la petite enfance. Autres suggestions pour empêcher toute autre situation de maltraitance : l’obligation de créer un conseil des parents dans toute crèche, la création d’un système de signalement et de suivi national des incidents, ou encore des contrôles et des évaluations des établissements et des personnels non seulement renforcés, mais prenant également en compte la satisfaction des parents.