Après la moutarde, les pommes de terre ou encore l’huile, c’est maintenant le riz qui risque de disparaître de nos rayons de supermarché. Pourquoi ? Quelles variétés seront encore en vente ? On vous répond.
Le riz risque bientôt de s’ajouter à la liste des pénuries alimentaires. Après les pommes de terre, l’huile et la moutarde, la crainte d’une pénurie de riz début 2023 est désormais bien réelle. Elle devrait avoir lieu dès février ou mars 2023. Le Syndicat de la rizerie française (SRF) a donné l’alerte il y a peu de temps, à la mi-octobre 2022. Le riz basmati qui figure parmi les préférés des Français est produit majoritairement à la frontière entre l’Inde et le Pakistan et cela pose en ce moment problème. En effet, c’est notamment dans ces régions que les changements climatiques ont impacté les productions de l’année.
Pourquoi risque-t-il d’y avoir une pénurie de riz ?
L’Inde et le Pakistan, parmi les premiers producteurs de riz au monde, ont vécu des périodes de forte chaleur suivies par des épisodes de pluie intense. En conséquence, 250 000 tonnes de leur production ont été réduites à néant. À elle seule, leur récolte représente 45% des riz vendus dans les grandes et moyennes surfaces françaises. Problème : avec une production en baisse, l’Inde et le Pakistan devrait préférer fournir leur population plutôt que d’importer leurs denrées. Le réchauffement climatique s’affiche comme raison principale de cette pénurie. La sécheresse estivale a aussi touché l’Europe. Les grands producteurs que sont l‘Espagne et l’Italie ont vu leurs productions de riz chuter. « L’eau a manqué tout au long du cycle végétatif du riz dans l’ensemble des pays européens. On s’attend à une diminution des rendements de 20 à 25 % sur la production communautaire« , a ainsi indiqué Thierry Lievin, président du Syndicat de la rizerie française au journal L’Union.
Et sur notre territoire national, les productions sont trop faibles pour répondre aux besoins des consommateurs. « Les surfaces ont été réduites de 25% ces deux dernières années, détaille François Clément. « Nous sommes passés de 13 900 hectares en 2020 à 10 600 hectares cette année ». Si des raisons techniques expliquent le découragement de certains producteurs français à se tourner vers la filière du riz, ce n’est pas la seule raison. « Nous faisons aussi face à l’une des conséquences du réchauffement climatique : la montée de la mer. Dans les années à venir, il est possible que le niveau de sel soit trop élevé sur les surfaces cultivables. » Un problème de salinité sera aussi probable au niveau des nappes phréatiques, « là où l’eau est pompée« . Pour autant, pour les productions françaises, « on ne parle pas du tout de pénurie », pas encore.
Quoiqu’il en soit, avec des produits de France ou d’ailleurs, le prix du sachet de riz a augmenté et n’est pas près de baisser. Selon des données de l’INSEE, l’indice du prix de cette céréale a augmenté de 18% entre août 2021 et août 2022. Une hausse des prix qui s’explique par la montée du coût de l’énergie et « la hausse du prix du carburant et des engrais », ajoute le directeur du Centre français du riz.
Quelles sont les variétés moins affectées ?
Le riz venant de l’étranger sera le plus touché par la pénurie. Cela concerne notamment le risotto, l’étuvé (riz traité après récolte) et le basmati. Si vous souhaitez continuer à déguster votre riz, il est conseillé de se tourner vers des céréales IGP de Camargue, « des productions françaises, du riz produit localement, il en existe une foultitude » nous précise François Clément. Parmi les riz français, le directeur donne en exemple, « le riz rond Gageron, le riz long de la variété Arélate et le riz rouge Tamtam« . Mais les variétés sont multiples et assez souvent d’agriculture biologique, « 25% de la riziculture en France est bio », conclue François Clément. Reste maintenant à savoir si l’offre sera à la hauteur de la demande car la majorité du riz consommé sur le territoire, ne vient pas des producteurs français.
Si les Français n’en sont pas de grands consommateurs, ils en mangent quand même « environ 4,5 kilos par an et par personne« , selon François Clément, directeur du Centre français du riz. « Le riz basmati figure parmi ceux qu’ils apprécient le plus ».