A l'approche de la saison hivernale et des reprises des cas de Covid et de grippe, le paracétamol, médicament antalgique et antipyrétique, connaît aujourd'hui des difficultés importantes d'approvisionnement sur l'ensemble du territoire. L'ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament), le collège de médecine générale et les syndicats de pharmaciens recommandent alors de modérer l'utilisation du paracétamol et de privilégier en priorité les patients ayant des besoins immédiats ainsi que les dispensations sur présentation d'une ordonnance. Sans prescription médicale, la délivrance en pharmacie doit désormais être restreinte à 2 boîtes par patient. De plus, la dispensation doit être directement liée à l'état de santé et aux besoins réels du patient, y compris lorsqu'un nombre important de boîtes est prescrit par le médecin. La vente en ligne est également limitée. Dans la mesure du possible, la posologie d'un comprimé toutes les 8 heures (soit 3 comprimés par jour) doit être préférée, au lieu des 4 comprimés maximum par jour (soit un comprimé toutes les 6 heures) habituellement recommandée.
Pourquoi le paracétamol est-il en rupture en France ?
Etats fébriles, maux de tête, règles douloureuses, Covid, grippe : l'augmentation constante de la consommation de paracétamol explique en grande partie les raisons de tensions d'approvisionnement, et ce depuis maintenant plusieurs mois. La constitution de stocks de réserve, surtout depuis le début de l'épidémie de Covid, a également contribué à favoriser ces tensions. Cette situation est constatée malgré les mesures prises dès juillet 2022, visant à répartir équitablement les approvisionnements sur le territoire, à préserver les stocks disponibles dans le temps et à optimiser la production et les livraisons, de façon à pouvoir fournir le paracétamol en continu et de manière sûre.
Le paracétamol n'est plus en accès libre depuis le 15 janvier 2020.
Quels sont les médicaments concernés ?
Les spécialités Doliprane®, Dafalgan®, Efferalgan® et Paracétamol®, ainsi que leurs formes conseil (non remboursables) font l'objet de difficultés d'approvisionnement, et ce depuis plusieurs mois. Certaines commandes et livraisons sont contingentées, et des ruptures de stock passagères peuvent avoir lieu dans les pharmacies lorsque les demandes affluent. Les formes pédiatriques (suppositoires, sirops, sachets) sont également concernées par ces difficultés d'approvisionnement. Un effet "boule de neige" est observé puisqu'en cas de rupture de stock d'une ou plusieurs spécialités, les alternatives se reportent sur les spécialités à base de paracétamol non impactées par les pénuries, contribuant à générer de nouvelles difficultés d'approvisionnement. Initialement, c'est surtout le Doliprane® qui a connu des ruptures importantes, avant que les stocks des autres spécialités à base de paracétamol s'amenuisent peu à peu à leur tour.
Il n'existe pas d'alternative médicamenteuse.
Peut-on remplacer le paracétamol par d'autres médicaments ?
Le paracétamol est un antalgique de pallier 1, indiqué dans les douleurs légères à modérées et/ou en cas de fièvre. En l'absence de paracétamol, il n'existe pas d'alternative médicamenteuse pouvant être prise en remplacement sans avis médical. Les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) comme l'ibuprofène ou l'aspirine ne sont pas à privilégier en cas de douleur et/ou de fièvre, en raison de leurs effets indésirables potentiels et de leurs risques d'interactions et de dangers avec d'autres médicaments ou certaines pathologies. En cas d'infection non traitée, ils peuvent même l'exacerber. Par ailleurs, les AINS ne sont pas recommandés lors de la grossesse et sont contre-indiqués à partir du début du 6ème mois de grossesse. Lorsqu'une spécialité à base de paracétamol est en rupture, une autre spécialité à base de paracétamol (forme conseil non remboursable ou marque différente) et/ou une autre forme galénique (comprimés ou granulés orodispersibles, sachets, sirops, etc.) peuvent parfois être proposées en alternative à celle manquante.
En cas de fièvre, il est recommandé de bien s'hydrater. En cas de douleurs, le froid ou le chaud peuvent parfois soulager. Enfin, sur avis du médecin ou du pharmacien, certaines spécialités à base de plantes (exemple : thym, girofle, réglisse, camomille, curcuma, harpagophytum, saule, reine des prés, etc.) ou d'huiles essentielles (exemple : menthe poivrée, gaulthérie, gingembre, etc.) peuvent soulager ponctuellement les douleurs passagères comme les maux de tête, les douleurs articulaires ou musculaires ou encore les douleurs dentaires. Toutefois, il est primordial de demander un avis médical avant toute automédication par les plantes et les huiles essentielles.