Pendant la grossesse, les femmes enceintes sont sommées de faire attention à leur alimentation. Ce qu'elles font d'ailleurs, principalement au regard des aliments qui leur sont interdits. Mais si toutes sont avisées des éventuelles toxi-infection alimentaires qui peuvent avoir de graves conséquences sur le bébé, peu de femmes en revanche savent pourquoi elles ont autrement tout intérêt à adopter une alimentation saine et de qualité pendant leur grossesse. Le bénéfice se ressent sur le développement de l'enfant. C'est en tout cas le résultat d'une grande étude, menée par la cohorte nationale Elfe et publié le 6 octobre 2022. Pendant vingt ans, les chercheurs ont suivi plus de 18 000 enfants, pour mieux comprendre en partie comment les proches, l'environnement, les conditions de vie influencent le développement, la santé et la socialisation des enfants. Plus précisément, l'équipe de Blandine de Lauzon-Guillain, directrice de recherche à l'Inrae, s'est penchée en détail sur le lien entre l'alimentation de la mère pendant la grossesse et le neurodéveloppement de l'enfant. Résultats :
Plus de poisson, de légumes et de fruits pour le bien de bébé
Les enfants qui ont bénéficié d'une alimentation de meilleure qualité, pendant qu'ils étaient encore dans le ventre de leurs mères, ont eu de meilleurs scores de développement global, de 1 à 3,5 ans, ainsi qu'au niveau du langage, à 2 ans, comparés aux autres bambins. Cette observation était aussi visible lorsque les futures mamans consommaient davantage de fruits et légumes ou de poisson. "Une meilleure qualité de l'alimentation pendant la grossesse est associée à un meilleur neurodéveloppement, tel qu'évalué par les parents", souligne Blandine de Lauzon-Guillain dans son rapport. L'alimentation maternelle n'est donc pas un facteur à négliger lorsqu'il s'agit du bon développement de l'enfant. "Environ 10% de risque en moins de présenter des problèmes cliniques de neurodéveloppement lorsque l'alimentation de la mère enceinte était de bonne qualité", ajoute l'experte.
Prudence avec les aliments transformés et la charcuterie
À l'inverse, une alimentation composée en grande quantité de charcuterie ou d'aliments transformés aurait aussi un impact sur le développement de l'enfant, mais pernicieux cette fois-ci. "Une consommation élevée de charcuterie pendant la grossesse était associée à des scores de développement plus faibles chez l'enfant à 1 et 2 ans" et "une consommation importante d'aliments transformés est associé à de moins bons scores de neurodéveloppement de l'enfant à l'âge de 1 an uniquement", précise l'étude. Toutefois, attention, les résultats de l'enquête ne permettent pas encore de faire une conclusion définitive. "Des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer la nature causale des associations observées." Par ailleurs, Blandine de Lauzon-Guillain conclut : "certaines études montrent que des carences peuvent induire des problèmes de neurodéveloppement. Il y a donc des nutriments bénéfiques pour le développement des enfants qui pourraient expliquer une relation de cause à effet, à vérifier dans de futures études"