Accusé de violences psychologiques sur son ex-compagne, le patron d’EELV Julien Bayou est accusé par Sandrine Rousseau de « comportements de nature à briser la santé morale des femmes ». Ecarté temporairement du parti, il fait profil bas. Mais « Libération » a publié une enquête qui en dit long sur les coulisses de l’instance écolo… Il aurait été mis sous surveillance !
[Mise à jour le 3 octobre 2022, à 18H20] L’affaire Julien Bayou, élu écologiste et candidat malheureux aux dernières élections régionales en Ile-de-France, connait un rebondissement depuis qu’il a été publiquement lynché à la télé par sa camarade du parti, la très clivante Sandrine Rousseau, qui a porté des accusations lourdes contre lui sur la base de déclarations privées ; l’accusant notamment d’harcèlement moral. Une justice médiatique qui fait débat. Le journal Libération a publié une enquête le vendredi 2 octobre 2022, dévoilant que Julien Bayou était dans le collimateur d’un groupe de femmes avant de se retrouver à devoir se mettre en retrait du parti…
Libération affirme que Julien Bayou était sous surveillance !
Selon Libération, Julien Bayou, qui conteste les accusations de violences psychologiques envers une ex-compagne, vivait depuis trois ans sous la pression d’un collectif féministe informel qui lui reprochait sa conduite et enquêtait sur ses relations avec les femmes, allant jusqu’à interroger ses anciennes compagnes. Le quotidien rapporte que l’une des femmes membres de la cellule chargée de traiter les signalements de violences sexuelles et sexistes dans le parti, et qui instruit actuellement le cas de Julien Bayou, fait également partie de ce groupe informel ayant ciblé la vie privée du député de Paris.
D’après Sandrine Rousseau, qui a publiquement accusé Julien Bayou à la télévision « ça n’est pas une cellule, c’est un groupe informel de femmes qui se parlent. Les femmes ont le droit de se parler et elles ont le droit de se protéger et tant que la justice ne le fera pas, il n’y a rien de condamnable à cela« . La cellule interne d’EELV s’était auto-saisie d’une enquête sur Julien Bayou en juillet après un courriel de son ex-compagne, dont il s’est séparé en novembre 2021. La députée de Paris a également approuvé le fait que Julien Bayou – qui a démissionné de ses fonctions de secrétaire national d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) – « ne prenne pas la parole au nom du groupe écologiste » pendant le temps de l’enquête, justifiant ce silence au nom de « la protection de la parole des femmes.«
Comment des militantes et des ex ont mis Julien Bayou sous surveillance
Depuis trois ans, le chef d’EELV vivait sous la pression dun collectif féministe informel qui enquêtait sur ses relations avec les femmes. Nos révélations : https://t.co/shWCG2C7N1
— Libération (@libe) September 30, 2022
Choquée par le contenu de cette enquête, Eva Joly – ex-candidate écolo à la présidentielle – a tapé du poing sur la table : « On m’a beaucoup reproché d’être trop radicale mais la fin ne justifie pas les moyens. Ces agissements hors de tout cadre desservent la cause qu’ils sont censés faire avancer et sont dangereux pour celles-là mêmes qu’on prétend protéger. La lutte contre le patriarcat passe évidemment par la libération de la parole, pas par de pareils égarements. »
Quant à Yannick Jadot, invité de BFMTV, il a estimé que Julien Bayou n’avait pas à démissionner mais juste à se mettre en retrait : « À partir du moment où la cellule n’a pas rendu son travail, on n’a pas à sanctionner, en l’absence de dépôt de plainte et alors même que la personne accusée n’a pas pu se défendre« , a-t-il souligné.
Julien Bayou prié de se taire et de ne pas se défendre ?
L’élu écolo a adressé un courrier aux adhérents du parti, confirmant sa démission comme secrétaire. « C’est avec beaucoup d’émotion que je renonce à cette fonction après plus de neuf ans d’engagement dans la direction du mouvement (…) Je suis accusé de faits qui ne me sont pas présentés, dont mes accusateurs disent qu’ils ne sont pas pénalement répréhensibles, et dont je ne peux pour autant pas me défendre, puisqu’on refuse de m’entendre. C’est Kafka à l’heure des réseaux sociaux », écrit-il. Dans son courrier, il justifie ce double retrait par une « situation intenable » et un « contexte délétère qui empêche tout discernement. »
Julien Bayou dans le viseur après Adrien Quatennens
Après s’être emparé de l’affaire Adrien Quatennens sur les réseaux sociaux, c’est un message du collectif féministe @NousToutesOrg qui a remis le feu aux poudres lundi 19 septembre 2022 sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag #Releveféministe, le collectif interpellait sur Twitter la cellule violences sexistes et sexuelles d’Europe Écologie Les Verts : « Bonjour @EELV, la cellule VSS a été saisie en juillet après des accusations de violences commises par @julienbayou sur son ex-compagne. Comment s’assurer que les militantes soient en sécurité ? Aucune mesure ne semble avoir été prise, pourquoi ? #ReleveFeministe« , pouvait-on lire.
Que reproche-t-on à Julien Bayou ?
Cette affaire Julien Bayou pointée par le collectif féministe @NousToutesOrg semblait être presque passée inaperçue en juillet alors que le secrétaire national des écologistes était visé en interne par un signalement de son ex-compagne pour violences sexistes et sexuelles. Dans une interview accordée au Figaro, le numéro 1 d’EELV assurait : « Il s’agit malheureusement d’une histoire qui se termine dans la souffrance, et d’une rupture qui s’accompagne de menaces à peine voilées à mon endroit et d’une forme d’instrumentalisation que je ne peux que déplorer« . Julien Bayou déclarait aussi : « Une rancœur qu’elle ne cache pas puisqu’elle m’a clairement écrit, trois jours après avoir saisi la commission interne d’EELV : ‘Inquiète-toi. Je vais revenir et en force. (…) La chute va être douloureuse.’«
Sandrine Rousseau fait des révélations sur Julien Bayou et évoque une tentative de suicide
Après avoir fait le tour des réseaux sociaux, l’affaire Julien Bayou a été commentée par Sandrine Rousseau, invitée sur le plateau de l’émission C à vous sur France 5. La députée du 13e arrondissement de Paris raconte avoir reçu chez elle très longuement l’ex-compagne de Julien Bayou. « Je pense qu’il y a des comportements qui en effet sont de nature à briser la santé morale des femmes (…) Manifestement elles sont plusieurs, moi je n’ai entendu qu’un seul témoignage. Une enquête journalistique semble être en cours« , a-t-elle relaté.
Selon l’élue écologiste, l’ex-compagne de Julien Bayou était « vraiment très mal et déprimée. Elle a d’ailleurs fait une tentative de suicide quelques semaines après« . Interrogée sur une possible démission de Julien Bayou au sein d’EELV, Sandrine Rousseau avait alors répondu : « Cela fait partie des questions qui vont venir sur la table. On verra. Step by step. »
« La cellule d’enquête et de sanction contre les violences sexuelles et sexistes a été saisie cet été et fait son travail (…) Chez les écologistes on n’évite aucune question« , a indiqué à l’AFP la numéro 2 d’EELV et députée Sandra Regol. La responsable avait argué que Julien Bayou observait une période de mise en retrait en attendant les conclusions de la cellule interne.