Les signalements d’atteinte à la laïcité dans les écoles sont en hausse, notamment le port des tenues religieuses. Un phénomène qui a été constaté dans l’académie de Montpellier. Le ministère de l’Education s’est saisit du sujet.
[Mise à jour du 5 octobre à 18h13] Le principe de laïcité à l’école est actuellement au cœur des débats. Le 30 septembre dernier, le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye a annoncé à l’AFP qu’il y a une hausse des signalements d’atteinte à la laïcité dans les établissements scolaires depuis la rentrée, en particulier des signalements de port de tenues religieuses, comme les « abayas, qui semblent se multiplier » depuis un an. La rectrice de l’académie de Montpellier, Sophie Béjean, est confrontée à ce phénomène. « Il ne s’agit pas d’une augmentation majeure, mais nous observons depuis la rentrée des situations dans certains établissements, avec les ports de ces formes de robes par des jeunes filles, qui s’apparentent à des tenues religieuses », rapporte-t-elle à Midi Libre. Face à ces situations, avec son équipe elle incite les directions à « signaler les faits de toute nature », précisant que « cette consigne fait l’objet d’une circulaire ». À l’échelle nationale, des données plus précises seront à cet égard fournies par le ministère prochainement, en octobre. « On aura des données sur des signalements Éducation nationale, sur l’ensemble du mois de septembre, et je me suis engagé à publier ces données mensuellement », a annoncé le ministre après avoir expliqué « Nous sommes très attentifs à ce qui se passe, nous surveillons. »
Les abayas, « des marqueurs religieux »
Invitée de France Info samedi 1er octobre, la secrétaire d’Etat à la Citoyenneté Sonia Backès est revenue sur le sujet des abayas portées par des élèves au sein des établissements scolaires. Ces tenues « sont des marqueurs religieux », qu’il convient d’interdire, a-t-elle défendu. « On ne doit avoir absolument aucune tolérance parce que les lois de la République sont les lois de la République. Depuis 2004, on a une loi qui interdit les marqueurs religieux à l’école, donc c’est interdit. » La loi en question, du 15 mars 2008, détaille explicitement que « dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. » Son port peut, dans certains cas, faire l’objet d’une procédure disciplinaire. Les chefs d’établissements peuvent aussi « refuser l’accès » aux élèves portant une abaya.
« Le nombre de signalements pour des tenues islamiques augmente depuis 1 an. Ces agitateurs professionnels ne veulent ni de bien à l’école ni à la République »@PapNdiaye condamne « fermement » les atteintes à la laïcité. #Les4V pic.twitter.com/eajtETkzJm
— Telematin (@telematin) October 4, 2022
Le rôle des réseaux sociaux
Dans ces atteintes à la laïcité, le rôle des réseaux sociaux est clairement manifeste. Deux récentes notes des services de l’Etat ont révélé que sur certaines plateformes une « stratégie d’entrisme salafo-frériste » prolifère, a rapporté BFMTV qui a pu consulter les documents. Concrètement, Instagram, Tiktok ou encore Snapchat sont des vecteurs de messages qui remettent en cause le principe de laïcité à l’école, notamment au collège et au lycée. Les élèves sont encouragés à contourner les règles, en portant le voile ou des vêtements religieux, ou en pratiquant la prière à l’école, dans les toilettes ou dans une salle vide par exemple. Pour la plupart, ces messages sur les réseaux proviennent de comptes anonymes. Des vidéos sont même devenues virales. Sur Tiktok notamment, on retrouve facilement des vidéos « astuces pour prier à l’école ».
Sur ce sujet, le ministre de l’Éducation a tenu à rappeler à l’AFP l’existence des « équipes Valeurs de la République dans chaque rectorat, renforcées dans certains cas pour répondre aux demandes des équipes enseignantes, des chefs d’établissements, lorsqu’il y a une difficulté. »
Qui doit faire respecter la laïcité dans les écoles ?
Dans les établissements scolaires en France, un guide détaillé appelé le vademecum de la laïcité fait loi. Il est validé par un groupe d’experts, le conseil des sages. Ce manuel « apporte des réponses juridiques précises et donne des conseils d’action aux équipes éducatives », indique le site de l’Éducation nationale. Avec cet outil, il revient aux chefs d’établissements mais également aux équipes pédagogiques et éducatives de faire respecter la laïcité à l’école, dans les classes et les locaux. En cas d’atteinte au principe de laïcité, ils peuvent aussi compter sur une équipe laïcité et fait religieux, propre à chaque académie. « Elle les forme et aide les établissements à réagir de manière appropriée. »
Pour signaler un comportement ou une situation qui porte atteinte à la laïcité dans un établissement scolaire, les personnels de l’Éducation nationale peuvent utiliser le formulaire en ligne « atteinte à la laïcité ». Réservé pour eux uniquement, ils ont juste à communiquer un numéro de téléphone sur lequel ils souhaitent être contactés. Ils peuvent garder leur identité pour eux. Une fois la demande envoyée, sous 24 heures (jours ouvrables), un coordonnateur spécialisé du ministère rappellera. La personne pourra alors se confier et échanger avec le coordonnateur pour avoir certaines réponses.