Infecté par l’amibe « mangeuse de cerveau » Naegleria fowleri, lors d’une baignade dans une rivière, un enfant est décédé en août aux Etats-Unis. Un cas similaire a été rapporté en France. C’est quoi cette amibe ? Quels sont les signes d’infection et que faire ?
[Mise à jour le 24 août 2022 à 11h43] En août, un enfant est décédé dans le Nebraska aux Etats-Unis après avoir été infecté par une amibe dite « mangeuse de cerveau » (Naegleria fowleri). Selon les autorités, l’enfant, dont le nom et l’âge ne sont pas connus, aurait été infecté après avoir nagé dans la rivière Elkhorn près d’Omaha. Ce n’est pas le premier cas aux Etats-Unis. En 2019, une Américaine âgée de 10 ans est aussi décédée après avoir été infectée par cette amibe qui pénètre le corps et remonte au cerveau où elle entraîne une méningo-encéphalite dite « amibienne primitive » (MEAP). Elle s’était baignée dans une rivière et un lac du Texas. « L‘amibe est présente dans l’eau douce au Texas et ailleurs aux États-Unis, il n’y a pas d’étendue d’eau particulière qui présenterait davantage de risque. Les cas sont extrêmement rares, malgré les millions de personnes qui nagent dans les lacs et les rivières chaque année », avait commenté le porte-parole des services de santé du département d’État du Texas, Chris Van Deusen cité par la chaîne de télévision locale KWTX.

Qu’est-ce que l’amibe Naegleria fowleri ?
Une amibe est un micro-organisme unicellulaire, c’est-à-dire un être vivant formé d’une cellule unique qui se déplace en se déformant et en émettant des extensions membranaires (pseudopodes). Il en existe plusieurs espèces dont les amibes libres pathogènes de l’espèce Naegleria fowleri qui vivent dans les eaux douces dont la température dépasse 25°C. Elles sont détectées principalement en été et en automne et dans l’ensemble des types de baignade (piscine, bains à remous, lac, rivière…). Pour l’Anses, « le risque pour la santé publique est faible par rapport à celui d’autres maladies infectieuses liées à la baignade ».
La contamination se fait par exposition de la muqueuse nasale à de l’eau contenant des Naegleria fowleri, généralement à l’occasion d’une baignade (quand l’eau rentre dans le nez). Une fois dans les voies nasales du baigneur, l’amibe traverse la muqueuse puis se déplace le long du nerf olfactif jusqu’au cerveau entraînant des lésions et une inflammation. C’est pour ça qu’elle est communément appelée « amibe mangeuse de cerveau ».

Quels sont les symptômes après l’infection par une amibe « mangeuse de cerveau » ?
La fillette décédée en 2019 aux Etats-Unis avait été prise de maux de tête et de fièvre qui ont conduit ses parents à l’emmener à l’hôpital. L’amibe Naegleria fowleri entraîne un type particulier de méningo-encéphalite c’est-à-dire une méningite combinée à une encéphalite. Ses signes sont similaires à ceux d’une méningite bactérienne. Ils commencent 1 à 9 jours (médiane 5 jours) après l’infection selon le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies des Etats-Unis (CDC). Les signes et symptômes comprennent :
Au stade 1 :
- Céphalée frontale sévère
- Fièvre
- Nausée
- Vomissement
Au stade 2 :
- Torticolis
- État mental altéré
- Hallucinations
- Coma
Quels sont les risques de décès ?
La méningo-encéphalite amibienne primitive est une maladie grave qui se solde par un décès dans 95% des cas. En 2014, l’Anses rapportait 310 cas de méningo-encéphalite amibienne primitive dans le monde dont 11 personnes ont survécu. Les gens décèdent 1 à 18 jours (médiane 5 jours) après le début des symptômes.
Eviter les baignades dans les eaux chaudes ou réchauffées quand il fait très chaud et que le niveau de l’eau est bas.
Y-a-t-il déjà eu des cas d’amibe mangeuse du cerveau en France ?
Un cas de MEAP a été déclaré en France en 2008. Un garçon de 9 ans est décédé d’une méningite foudroyante suite à une baignade et des plongeons dans un bassin alimenté par une source d’eau chaude, en Guadeloupe, où la présence de N. fowleri a été détectée. Des analyses ont mis en évidence la présence de N. fowleri dans le liquide céphalo-rachidien de la victime. L’Anses a rappelé que « le respect des conditions de mise en œuvre des traitements de désinfection actuellement autorisés en France pour l‘eau alimentant les piscines publiques est suffisant pour empêcher le risque de contamination de l’eau par cette espèce d’amibe libre ».
L’Anses recommande de limiter l’exposition des baigneurs en fonction du type de baignade. « Pour l’ensemble des baignades, la seule mesure efficace de prévention d’une infection à N. fowleri est d’éviter d’y être exposé et donc de s’abstenir de pratiquer les activités de baignade dans des eaux chaudes ou réchauffées notamment lorsque la température de l’air est élevée et le niveau de l’eau bas » indique l’Anses. Par précautions, et même si le risque de contracter cette amibe reste faible selon les autorités, il est recommandé de :
- ne pas plonger ou sauter dans les sources d’eau chaude non traitées (eau de surface, eau souterraine, eau minérale naturelle) ;
- éviter de mettre la tête sous l’eau / garder la tête hors de l’eau ;
- utiliser dans la mesure du possible un pince-nez ;
- éviter de creuser, ou de remuer les sédiments en pratiquant les activités liées à l’eau.
Sources :
Naegleria fowleri dans les eaux de baignade : des infections graves mais rares. Anses. 2014
Naegleria fowleri — Primary Amebic Meningoencephalitis (PAM) — Amebic Encephalitis. CDC.