A moins d’une semaine de la rentrée, les parents replongent dans la réalité du monde scolaire, et dans certains de ces affres. A l’heure où même les plus jeunes élèves possèdent un smartphone, le cyberharcèlement est un fléau que redoutent 74% des parents. Lors de sa conférence de presse de rentrée, le ministre de l’Education a affirmé l’importance de la lutte contre cette forme de harcèlement scolaire.
La rentrée n’est plus que dans quelques jours, et la prévention est d’actualité pour les parents qui laissent leur enfant aller seul à l’école, ou qui vont avoir un smartphone à disposition. Un outil bien pratique pour surveiller à distance son enfant, mais qui peut aussi s’avérer dangereux dès lors qu’il permet l’accès aux réseaux sociaux et aux différents appli de groupes de paroles. A l’échelle mondiale, 74% des parents sont ainsi inquiets que leur enfant ne devienne victime de cyberharcèlement. Et il y a de quoi ! En effet, selon une étude mcAfee parue ce mois-ci, à l’échelle mondiale, 80% des enfants sont victimes de harcèlement sur Instagram, et 58% des parents redoutent que leur enfant soit auteur de cyberintimidation. En France, l’étude détaille: 54% des enfants harcelés l’ont été par une personne qu’ils connaissaient, 39% ayant été victimes d’insultes ou de rumeurs pour 21%.
Ainsi, Pap Ndiaye a rappelé son engagement le 26 août dernier, lors de sa conférence de presse de rentrée, à lutter contre le cyberharcèlement. Très engagé dans le « bien-être et l’épanouissement des élèves », le harcèlement scolaire constitue en ce sens un axe majeur de travail pour le ministère de l’Education, en charge de trouver des moyens concrets et efficaces pour venir à bout de ce danger. Un danger qui peut mener au pire, comme le rappelle l’histoire de Jonathan Destin, décédé le 20 août dernier. D’ores et déjà, parents et enfants peuvent s’appuyer sur l’appli 3018, à connaître impérativement pour signaler toute forme de cyberharcèlement qui interviendrait au cours de l’année.
L’application 3018 pour accompagner les victimes de cyberharcèlement
En France, un enfant reçoit son premier appareil numérique en moyenne à l’âge de 10 ans et 20% des jeunes de 8-18 ans déclarent avoir déjà été confrontés à une situation de cyberharcèlement. Pour mettre fin à ce fléau qui impacte la nouvelle génération, le gouvernement a lancé en novembre 2021 un nouveau numéro d’appel contre les violences numériques : le 3018, qui remplace le numéro Net Ecoute. Dans la foulée, l’application 3018 a été lancée, nouveau point d’entrée pour signaler toute situation de cyberharcèlement, afin d’assurer une prise en charge rapide et globale de la victime. Cette nouvelle appli gérée par l’Association e-Enfance propose quatre fonctions :
- Une prise de contact instantanée au travers d’un tchat avec un professionnel du 3018, ainsi que le contact direct au numéro national 3018 ;
- Le stockage des preuves du harcèlement vécu (captures d’écran, photos, liens url, etc.) dans un coffre-fort numérique et sécurisé, ainsi que la possibilité de transférer tout ou partie de ces preuves aux équipes 3018 ;
- Un accès rapide à des fiches pratiques sur le cyberharcèlement pour s’informer sur ses droits et savoir comment réagir ;
- L’auto-évaluation de sa situation à l’aide d’un questionnaire, pour encourager la victime à demander de l’aide.
Le numéro d’appel 3018 contre le cyberharcèlement
Le Secrétariat d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles et l’Association e-Enfance avait déjà lancé, en novembre 2021, un nouveau numéro d’appel contre les violences numériques : le 3018. Il remplace le numéro Net Ecoute 0800 200 000. « Le 3018 devient ainsi le point d’entrée unique pour les adolescents, les parents et leurs enfants, sur toutes les questions liées aux usages numériques des jeunes » précise le ministère. Le 3018 est un numéro gratuit, anonyme et confidentiel, est accessible par téléphone 6 jours sur 7 de 9 heures à 20 heures, sur 3018.fr par Tchat en direct, via Messenger et WhatsApp. Des psychologues, juristes et spécialistes des outils numériques répondront aux questions des jeunes et des parents sur le cyber-harcèlement, le revenge porn, le chantage à la webcam, la surexposition aux écrans, les jeux vidéo, l’exposition à des contenus violents et pornographiques, le contrôle parental, le paramétrage de compte sur les réseaux sociaux ou encore le piratage de compte, et l’usurpation d’identité.
Qu’est-ce que le cyberharcèlement ?
Le cyberharcèlement est défini par l’Education nationale comme « un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule ». Il se manifeste sur les téléphones portables, les messageries instantanées, les forums, les chats, les jeux en ligne, les mails, les réseaux sociaux ou encore les sites de partage de photographies comme Instagram, Snapchat, Twitter, etc. En outre, le cyberharcèlement prend la forme d’intimidations, d’insultes, de moqueries, de menaces, de propagation de rumeurs, de photos ou de vidéos. Le piratage de comptes, l’usurpation d’identité en ligne, ou le sexting (diffusion d’images sexuellement explicites de jeunes à leur insu) sont également considérés comme des actes de cyberharcèlement ou harcèlement en ligne.
Cyberharcèlement : quels sont les chiffres ?
- En 2019, 2 176 cas de cyberharcèlement ont été signalés au niveau académique.
- Les services de Stop Harcèlement, qui sont joignables sur le numéro de téléphone gratuit 3020, ont été sollicités 77 742 fois et 649 236 visiteurs ont consulté le site Non au Harcèlement.
- Selon le gouvernement, 40% des élèves français disent avoir été victimes d’une agression ou d’une méchanceté en ligne.
- Le moyen de cyberharcèlement le plus utilisé est le texto pour un élève sur cinq (20,3%) et les appels téléphoniques (13,9%). 12,1% des élèves disent aussi avoir été victimes d’une usurpation d’identité et 11,6% qu’il ont été exclus d’un groupe social en ligne. 4,8% d’entre eux affirment aussi avoir été victimes de harcèlement sur les réseaux sociaux.
Cyberharcèlement : que dit la loi ?
La loi française ne considère pas le cyberharcèlement comme une infraction en tant que telle, mais les personnes qui sont les auteurs d’actes de cyberharcèlement peuvent voir leur responsabilité engagée. Ainsi :
- Une injure ou une diffamation en ligne expose à une amende de 12 000 euros
- Le détournement du droit à l’image peut être sanctionné par une peine d’un an de prison et une amende de 45 000 euros
- L’usurpation d’identité est passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende
- La diffusion de photos ou de vidéos sexuellement explicites d’un mineur peut être punie par 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.
Que faire en cas de cyberharcèlement ?
Votre enfant est la cible du cyberharcèlement :
Dans ce cas, il est recommandé de ne pas répondre aux commentaires haineux en ligne, de se déconnecter de tous les comptes et réseaux sociaux et de ne pas rester seul face à ce cyberharcèlement. Néanmoins, conservez toutes les preuves en ligne qui attaquent votre enfant.
Votre enfant est témoin de cyberharcèlement :
Il est recommandé de supprimer immédiatement la photo ou le SMS reçu, de ne pas participer aux commentaires haineux, de signaler ce cyberharcèlement, et dans la mesure du possible, de soutenir la victime.
En tant que parents de la victime :
Commencez par rassurer votre enfant, soyez à son écoute, et éloignez-le de son ordinateur, son téléphone portable ou sa tablette afin qu’il ne puisse plus accéder à ces insultes en ligne. De votre côté, recueillez des preuves, faites des captures d’écran des messages haineux et enregistrez les mails qu’il reçoit. Ces éléments pourront vous servir pour porter plainte par la suite, si cela s’avère nécessaire. Enfin, ne tardez pas à effectuer un signalement auprès d’un fournisseur d’hébergement pour demander le retrait des contenus illicites. Enfin, contacter la direction de votre établissement scolaire afin d’obtenir le soutien du personnel de l’Education qui pourra à son tour intervenir.
A l’école, les professionnels de l’Education pourront notamment convoqué l’auteur des faits, soutenir et rassurer votre enfant, vous accompagner dans vos démarches, et engager une procédure disciplinaire, voire même signaler le délit auprès du procureur de la République.
Pour éviter que votre adolescent ne soit la cible d’un cyberharcèlement, il est recommandé de lui apprendre à bien utiliser les outils numériques. Préserver ses données personnelles, gérer ses paramètres de confidentialité, sécuriser son mot de passe, limiter les accès aux inconnus sur les réseaux sociaux, le sensibiliser au respect de la vie privée… sont essentiels pour pouvoir limiter les risques.
Comme pour le harcèlement scolaire, les parents, enseignants et l’entourage de l’élève peuvent être attentifs à certains signes et changements de comportement de l’enfant, bien que le cyberharcèlement ait lieu à l’abri du regard des adultes.
Chez la victime : Anxiété, crainte, faible estime de soi, commentaires négatifs, plaintes récurrentes, baisse d’intérêt pour les activités, troubles du sommeil, fatigue, retards / oubli de matériel, baisse des résultats scolaires, absences, menaces (se faire du mal ou faire mal aux autres), isolement du groupe /repli sur soi.
Chez les auteurs et témoins de cyberharcèlement : attitude agressive / provocante et vision positive de ce type de comportement, faible empathie, cercle d’amis agressifs ou qui participent au harcèlement, ne reconnaît pas l’impact de ses actes, utilisation de nombreux comptes en ligne.