L’édition 2023 du Petit Robert se met à la page en intégrant de nouveaux mots, qui sont pour la plupart utilisés par les jeunes au quotidien. L’occasion pour les parents de comprendre un peu mieux le langage de leurs ados. Détails.
Les expressions des jeunes, bon nombre de parents ne les comprennent pas. Souvent, elles ont tendance à leur écorcher les oreilles, tant elles semblent imprononçables ou tout simplement incompréhensibles. Qui n’a pas déjà eu l’impression d’être un dinosaure en entendant son ado parler ? Il vous parle mais non, rien y fait : vous ne parlez pas le même langage ou tout du moins pas avec les mêmes mots. De tout temps, la jeunesse a eu son propre langage s’inspirant de la culture, que ce soit dans les musiques ou dans langues étrangères, mais à présent aussi des réseaux sociaux comme pour le fameux « tmtc » en abrégé dans les textos, comprenez « toi-même tu sais ». Récemment, l’édition 2023 du dictionnaire le Petit Robert a intégré de nouveaux mots dans ces pages. Des mots en partie utilisés par les jeunes, et qui ont été popularisés ces dernières années. Alors si vous êtes parents, et que vous voulez à nouveau avoir une discussion claire et compréhensible avec votre enfant, une petite leçon pour se mettre à la page est la bienvenue. Pas de panique, c’est à la portée de tous, et qui sait à la fin vous pourrez vous aussi parler comme un « djeuns » ! Suivez le guide :
Quels sont les mots utilisés par les ados en 2022 ?
« Gênance », « go », « brouteur »… Ces mots vous disent sûrement quelque chose, vos enfants les ont déjà prononcés au cours d’une discussion sans que vous les ayez « captés ». Ces mots font partie des nouveaux termes qui se retrouvent désormais dans le dictionnaire. La plupart sont issus du langage familier, comme :
- « Gênance » : sentiment de gêne, « Maman, c’est trop la gênance là ! »
- « Bail » : une affaire, un plan et ça fait longtemps, « Ça fait un bail qu’on ne s’est pas vu » ou encore « J’ai un bail à te raconter »
- « Go » : jeune fille, petite amie, « C’est ma go ! »
- « Brouteur » : escroc sur Internet
- « Babtou » : un Blanc ou un Européen, c’est un adjectif péjoratif connu à travers l’expression « babtou fragile »
- « Instagrameur » : personne qui créé du contenu (photo, vidéo, story, live, reels etc) sur le réseau social Instagram
- « Chiller » : prendre du bon temps pour ne rien faire
Sachez aussi qu’il y a tout un tas d’autres expressions qui sont dites par les plus jeunes et qui ne sont pas encore répertoriées dans les différents dictionnaires, à savoir :
- « Avoir du flow » : une personne est stylée, « Cette fille a tellement de flow, c’est dingue ! »
- « C’est le S » : une personne que l’on estime, « C’est le sang, c’est comme la famille ! »
- « Une racli » : une fille
- « Un raclo » : un garçon
- « On fleek » : impeccable, au top
- « Friendzone » : la zone amicale, une personne ne veut que de l’amitié avec une autre et rien de plus
- « Cheum » : ce n’est pas beau
- « Tu m’as pas cala » : ne pas calculer une personne, ne pas être « sociable »
Intégrer de nouveaux mots dans le dictionnaire, tel que le Petit Robert, ne se fait pas du jour au lendemain. Cela demande un travail minutieux en amont. « Les équipes du Robert collectent les nouveaux mots dans des corpus de textes variés, issus principalement des médias, de la littérature et des réseaux sociaux », explique l’éditeur sur son site Internet. Pour que ces mots soient sélectionnés, ils doivent répondre à 3 critères importants : leur fréquence d’usage, leur diffusion sur plusieurs medium « la presse, la littérature, les réseaux sociaux » et enfin leur pérennité. « Le Petit Robert retient des mots qui durent. » Sans ça, il y a peu de chances qui figurent dans les futurs dictionnaires.
En entrant dans le dictionnaire, quel avenir pour ces mots de jeunes ?
Toutes ces expressions et mots de jeunes ont une vocation de reconnaissance générationnelle, volontairement clivante. Mais en devenant ainsi normés et officiellement reconnus, les jeunes sont dépossédés de leur exclusivité, et n’ont plus aucun intérêt à les utiliser ! Et lorsqu’un « daron » ou une « daronne » en vient même à les comprendre et parfaitement les utiliser, c’est même le signe qu’ils sont devenus ringards ! D’ailleurs, même l’Académie Française reconnaît que « has-been », en vogue dans les années 2000, est devenu… « has-been » !